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Ce n’était pas Byzance, mais c’était déjà ça : 12 euros pour un compte rendu d’événement local, 17 euros dans une version augmentée, 27 euros pour un « article d’initiative ». Quand la direction de Midi libre a annoncé, fin janvier, que les tarifs des rémunérations des correspondants allaient baisser de 1,40 et 10 euros (les photos restent payées 3 euros), le sang de Jacques Gillot n’a fait qu’un tour. Ce retraité de 77 ans, correspondant du quotidien régional à Béziers (Hérault), veut bien entendre que les temps sont durs pour la presse, mais apprendre, lors d’une visioconférence, que les émoluments de ces « prestataires de services » dépourvus de contrats de travail allaient diminuer sans discussion, cela l’a mis en colère.

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Plusieurs dizaines de coups de fil plus tard, il avait convaincu une partie de ses collègues de poser le stylo à partir du 8 mars. « Comme nos articles ne sont pas signés et que nous sommes éparpillés, cela n’a pas été si facile de nous trouver les uns les autres », raconte Stéphanie (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), installée dans le Gard.

Personne, d’ailleurs, ne sait exactement à quel point le mot d’ordre a été suivi, compliquant les bouclages. « Des pages disparaissent du journal ou sont réduites au maximum, comme la page “Quartier” dans l’édition de Béziers ce lundi », assure M. Gillot, qui n’aura plus le plaisir d’envoyer de la copie – il s’est vu reprocher d’avoir médiatisé le mouvement. « Nous avons conscience que la décision de la baisse des rémunérations est impopulaire, reconnaît Alain Baute, le directeur général adjoint du Groupe Midi libre. Mais nous nous inscrivons totalement en faux sur les pseudo-informations faisant état d’une centaine de correspondants qui ne nous fourniraient plus d’articles, ou de pages qui auraient été supprimées à cause de ce mouvement. »

« Des acteurs précieux »

Entre 30 % et 50 % des articles de Midi libre proviendraient de ces petites mains qui couvrent actualités locales et conseils municipaux. L’Association des maires ruraux du Gard leur a apporté son soutien, rappelant dans un communiqué à quel point « ces correspondants sont des acteurs précieux pour maintenir un lien entre les institutions et les citoyens ». Allié à la CFDT, le Collectif national des correspondants locaux de presse (CNCLP) souligne qu’« il s’agit d’une main-d’œuvre reconnue comme essentielle, mais sous-payée, sans protection sociale, ubérisée avant l’heure et spoliée de ses droits d’auteur ».

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