« Tout ça, c’est le travail de Chido. » De ses serres, il ne reste que des tubes métalliques tordus et des bâches arrachées. « Il y a beaucoup de souffrance », conclut, le regard dans le vide, Fouadi Salim, 48 ans, agriculteur depuis 2006, au terme d’un tour de ses installations, presque deux mois après le passage du cyclone qui a ravagé Mayotte, le 14 décembre 2024, et fait 40 morts et plus de 41 disparus, selon le dernier bilan officiel. Située sur les hauteurs de Combani, dans le centre de l’île, son exploitation centrée sur la culture conventionnelle hors-sol était considérée comme « modèle » à Mayotte. Depuis, seuls quelques pieds de tomate rescapés continuent de grandir. Ses papayers et ses bananiers ont également subi la puissance des vents à plus de 200 km/h. Les feuilles de ses ylangs-ylangs ont été broyées.
Comme beaucoup d’exploitants, Fouadi Salim a le sentiment que Chido a brisé net ses efforts et ceux de l’agriculture mahoraise. Celle-ci cherche à structurer ses filières pour réduire la fracture qui sépare l’île de l’autonomie alimentaire. « Le monde agricole mahorais est à terre, considère Ange Dusom, président pour les outre-mer des Jeunes Agriculteurs et exploitant dans l’île. Il a reculé de quinze ans. »
![Le passage de Chido a causé d’importants dégâts dans l’exploitation de Fouadi Salim : une grande partie de ses serres a été détruite, les structures ont pliées sous la force des vents.](https://img.lemde.fr/2025/02/09/0/0/4500/3214/630/0/75/0/78b843a_sirius-fs-upload-1-xfmrvlbpkaqq-1739118695911-mfache-26012025-le-monde-agriculture-en-souffrance-post-cyclone-chido-mayotte-069.jpg)
Alors qu’il n’a pas « d’autres choix que de repartir », Fouadi Salim, qui dirige également une coopérative de 28 producteurs, avoue ne « pas attendre grand-chose de l’Etat ou du conseil départemental ». Le premier a toutefois annoncé débloquer 15 millions d’euros d’aides pour le secteur agricole, issues du fonds de secours outre-mer. L’Etat ne « lâchera pas Mayotte », a promis Manuel Valls, ministre des outre-mer lors de sa visite, les 30 et 31 janvier, en annonçant près de 1 milliard d’euros pour la reconstruction du territoire. « Nous estimons les pertes de la valeur des productions agricoles à près de 80 millions », chiffre Ange Dusom.
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