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Brandissant bien haut les clés de leur appartement qu’ils font tinter comme une menace, des dizaines de milliers de personnes ont défilé, dimanche 13 octobre, dans les rues de Madrid pour exiger une solution à la crise du logement, en portant des pancartes contre les « rentiers » et les « spéculateurs ». Dans la capitale espagnole, les prix des loyers ont augmenté en moyenne de près de 30 % ces cinq dernières années. Selon le portail immobilier Fotocasa, les locataires y consacrent en moyenne près de 60 % de leurs revenus. Le parc de logements sociaux représente à peine 2,5 % du total.

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Et dans la rue, la colère monte. « Il faut une grève des loyers », entonnent en chantant les membres du Syndicat de locataires, reconnaissables à leurs tee-shirts orange, en arrivant près de la gare de Madrid-Atocha, point de départ de la manifestation convoquée par une quarantaine d’associations et d’organisations sociales et syndicales. A leur côté, vêtus de vert, les membres de l’association Stop Desahucio (« stop expulsion ») déploient une large banderole. « Les rentiers nous volent nos vies. Les gouvernements défendent les rentiers », peut-on y lire.

Dans les cortèges, une majorité de jeunes expriment leur colère. « Je gagne 1 800 euros par mois comme vendeuse dans une bijouterie de luxe et j’habite un studio mansardé de 20 mètres carrés, où mon fiancé ne peut même pas venir me voir, car il n’y tient pas debout, pour 750 euros de loyer… Et encore, c’est prétendument une aubaine », se plaint Faustine, 31 ans. « Je suis architecte. Je fais des maisons, mais je ne peux pas me permettre d’en avoir une », est écrit sur la pancarte que tient un jeune homme, non loin. « On nous vole notre avenir », clament les manifestants. En Espagne, 66 % des jeunes âgés de 18 à 34 ans vivent encore chez leurs parents.

Réguler un usage frauduleux

Face à la montée des prix des loyers, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a bien approuvé une nouvelle loi sur le logement en mai 2023 afin d’encadrer les prix. Elle permet aux régions autonomes de plafonner les prix des loyers, sur la base d’un indice des prix élaboré par le ministère du logement, dans les municipalités où le marché locatif est classé « sous tension ». Cependant, pour l’heure, elle n’a été appliquée que par la Catalogne, – les régions autonomes ne sont pas contraintes –, et avec des résultats mitigés.

Depuis son entrée en vigueur, en mars, les prix des loyers ont baissé de près de 5 % en moyenne dans les 140 communes catalanes où elle a été appliquée. Cependant, dans le même temps, le nombre de contrats de location de longue durée a chuté de 17 %, selon le gouvernement catalan. Le Syndicat des locataires s’est félicité de la baisse des prix et considère que la diminution du nombre de contrats est en partie due à une plus grande stabilité de ceux-ci, allongés de cinq à sept ans. Mais il a aussi alerté sur une déviation d’une partie de l’offre locative vers les logements dits « temporaires », – ceux de moins de douze mois et qui ne sont pas soumis à l’indice des prix –, et vers la location de chambres individuelles, afin de contourner la loi.

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