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Ce ne serait qu’une question de jours : après un an d’attente, le décret d’application du nouveau code minier – adopté par le Parlement malgache en mai 2023 et lui-même issu de douze années de tergiversations − devrait enfin être promulgué.

Elaboré avec la Banque mondiale, il clarifie les règles d’attribution des permis et les obligations des sociétés minières en matière environnementale et sociale. Il porte la redevance due à l’Etat de 2 % à 5 %. Cette étape, veut croire le gouvernement, doit permettre à Madagascar de relancer un secteur figé depuis le début des années 2000 et de prendre sa part de la ruée vers les minerais de transition dont le sous-sol de la grande île de l’océan Indien ne manque pas.

En dehors de l’exploitation de nickel et de cobalt à Ambatovy, dans l’est de l’île, par la joint-venture formée entre le japonais Sumitomo et le coréen Komir, et d’ilménite à Fort-Dauphin (sud de l’île) par QMM (QIT Madagascar Minerals), filiale de l’anglo-australien Rio Tinto, aucun autre projet d’envergure n’a vu le jour jusqu’à présent.

Une destination à hauts risques

L’opacité et la corruption qui prévalent dans l’octroi des licences, le coût comparativement élevé des investissements en raison de l’absence totale d’infrastructures − énergie, routes, ports… et les trafics notoires d’or et de pierres précieuses vers Dubaï ou ailleurs… font de Madagascar une destination à hauts risques. L’arrestation spectaculaire à Londres de la directrice de cabinet du président de la République, en août 2023, en flagrant délit de tentative de corruption de la société de pierres précieuses Gemfields n’a pas amélioré cette mauvaise réputation.

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« Cette réalité effraie les investisseurs sérieux au profit d’acteurs peu scrupuleux », observe un expert du secteur. Dans la presqu’île agricole d’Ampasindava, au nord de l’île, un gisement de terres rares est déjà passé aux mains de plusieurs sociétés minières depuis 2009. La dernière est partie sans reboucher correctement les bassines de stockage ni les milliers de trous forés au milieu des champs pour prélever des échantillons. La société civile locale s’est mobilisée pour informer la population des risques de pollution liés à la production de ces minerais que l’on retrouve dans les éoliennes ou des batteries électriques.

Le prochain test pour le gouvernement sera le sort réservé au projet d’exploitation d’ilménite et de zircon Base Toliara. Il a été gelé en 2019 en raison de l’insuffisance des retombées locales et de son impact environnemental et sanitaire. Les négociations avec l’investisseur australien ont récemment repris.

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