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Histoires Web lundi, septembre 22
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Au premier jour de son procès devant les assises du Tarn, Cédric Jubillar a affirmé, lundi 22 septembre après-midi à Albi, qu’il contestait « toujours » le meurtre de son épouse, Delphine, qu’il est accusé d’avoir tuée en décembre 2020 et dont le corps n’a pas été retrouvé.

Barbe et crâne rasés, Cédric Jubillar a pris place lundi matin et pour quatre semaines dans le box des accusés. Veste de jogging bleu, l’accusé de 38 ans a brièvement décliné identité et profession, avant d’écouter, le regard alerte scrutant régulièrement la salle d’audience, la cour procéder aux rituels des débuts d’assises : sélection des jurés, examen de demandes de constitution de parties civiles et lecture de l’acte d’accusation.

Une alliance à l’annulaire gauche, le peintre-plaquiste qui a toujours clamé son innocence va devoir s’expliquer, pour la première fois publiquement. « La famille attend une double vérité » sur ce qu’il s’est passé à Cagnac-les-Mines (Tarn) dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, et sur ce qu’il est advenu du corps de Delphine, qui n’a jamais été retrouvé, a déclaré en marge de l’audience Mourad Battikh, avocat de cousins, tantes et oncles de Delphine, jugeant « quelque peu problématique » que l’accusé « exhibe » son alliance.

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« C’est un stress pour toute cette famille », a déclaré hors audience à l’Agence France-Presse Philippe Pressecq, avocat d’une cousine de la disparue. « Ils ont l’impression que Delphine est morte hier, et de revoir le meurtrier aujourd’hui, c’est difficile », a-t-il ajouté. Pour l’avocat des parties civiles, « un aveu est toujours possible ». Ce qu’espèrent aussi les enfants du couple, qui n’assistent pas au procès. L’aîné Louis, 11 ans aujourd’hui, « est stressé », « en attente », « il espère une vérité », a ainsi insisté Malika Chmani, avocate des enfants.

Quelques jours avant la Noël 2020, la France vivait encore au rythme des couvre-feux liés à l’épidémie due au Covid-19 et l’actualité judiciaire avait été marquée à la fin de novembre par la condamnation de Jonathann Daval, affaire retentissante dans laquelle l’accusé avait longtemps joué le mari éploré avant d’avouer avoir tué sa femme.

Une affaire « assez hors normes »

Dans ce contexte, le dossier Jubillar a rapidement pris une importante dimension médiatique, confirmée lundi matin par les dizaines de journalistes présents à l’ouverture du procès pour lequel le public avait commencé à faire la queue dès l’aube devant le palais de justice d’Albi. « Une infirmière qui disparaît en pleine période Covid, (…) le mystère, l’absence de corps, l’absence de scène de crime… les gens sont friands de faits divers », a affirmé, avant l’audience, Alexandre Martin, l’un des deux avocats de Cédric Jubillar, « c’est une affaire en ce sens-là qui est assez hors normes ».

Cédric Jubillar, en détention depuis juin 2021, est accusé d’avoir fait disparaître celle qui était son épouse depuis 2013 et la mère de leurs deux enfants parce qu’il ne supportait pas l’idée qu’elle le quitte pour un autre homme. « L’accusation essaie de construire une histoire, de créer un mobile, un personnage qui collerait aux actes qu’on lui reproche », affirme Me Martin, estimant que « le plus bancal » dans ce dossier, « c’est l’absence de preuves ».

Lire le récit (en 2021) : Article réservé à nos abonnés La mystérieuse disparition de Delphine Jubillar : pas de corps, pas de scène de crime, pas d’indice probant

Au total, 65 témoins et 11 experts doivent éclairer un dossier qui a fini par accumuler 27 tomes et plus de 15 000 pages de procédure. Pour les juges d’instruction, des indices − les lunettes cassées de Delphine, le témoignage du fils du couple ou encore des cris entendus par des voisines − montrent qu’une dispute a éclaté, au cours de laquelle la jeune femme a trouvé la mort.

En l’absence de cadavre, le comportement de l’accusé est venu renforcer les soupçons des enquêteurs : un mari qui participe peu aux recherches de son épouse, un homme qualifié d’impulsif qui tient, avant la disparition, devant témoins, des propos menaçants au sujet de sa femme si elle en venait à le quitter…

Codétenus et nouvelles petites amies ont aussi assuré que l’accusé leur avait avoué le crime ou donné des informations sur la localisation du corps de Delphine. Mais en audition Cédric Jubillar a toujours réfuté ou relativisé ces propos, des plaisanteries, selon lui, et les fouilles diligentées ont été infructueuses. Le verdict est attendu le 17 octobre.

Le Monde avec AFP

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