Une metteuse en scène enlevée par un ténor ? C’est de fait portée par Piotr Beczala que la plasticienne Shirin Neshat est arrivée sur scène aux saluts. Un geste impromptu, non homologué par les nouveaux coachs d’intimité, mais qui témoigne de la joie et du soulagement pour les artistes d’être arrivés sans encombre, mercredi 24 septembre, au terme d’une nouvelle production d’Aida, de Verdi, après des répétitions perturbées par les mouvements sociaux et une première sous menace de préavis de grève. Grâce donc, pour Radamès !
Créée au Festival de Salzbourg, en 2017, la première production d’opéra portée par l’artiste new-yorkaise, d’origine iranienne, a été reprise, en 2022, au Grosses Festspielhaus de la ville autrichienne avant d’être programmé à l’Opéra de Paris. A chaque fois, Shirin Neshat a revu sa copie, enrichissant la mouture initiale, il est vrai d’une sobriété rigoureuse exigée par le maestro Riccardo Muti, de films et de photos. Aux paysages du Nil et aux portraits de déshérités se sont greffées des vidéos de plage, de mer et de désert, de tout un peuple d’exilés en noir, d’essaims de femmes sans visage, entièrement voilées. Quant au ballet du deuxième acte (indigent et ridicule avec ses hommes, torse nu, en jupe et au crâne de taureau), il a été remplacé par un long film en noir et blanc documentant les exactions physiques des vainqueurs sur les prisonniers. Entre 2017 et 2025, la guerre et la souffrance des vaincus sont devenues centrales sur le plateau.
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