L’Opéra-Comique, à Paris, est un peu la maison de William Christie. Le chef américain y a dirigé 13 productions depuis l’historique exhumation, en 1987, d’Atys, tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully. Pour ses bientôt 80 ans (il est né le 19 décembre 1944), le fondateur des Arts florissants – formation de référence, depuis 1979, du répertoire baroque – s’est offert avec Les Fêtes d’Hébé, de Jean-Philippe Rameau, un cadeau aux allures de voyage exploratoire, tous frais payés par l’Opéra-Comique qui propose de le découvrir jusqu’au samedi 21 décembre.
Totalement oublié depuis sa création en 1739, alors qu’il constitua à l’époque le plus grand succès du compositeur, cet opéra-ballet a tout pour perdre en route le spectateur d’aujourd’hui. Une intrigue galante nouée autour de seconds couteaux de la mythologie gréco-latine, des vers si peu inspirés que le librettiste voulait rester anonyme, et un genre hybride où la musique et la danse, sans oublier le chant, condamnent les œuvres à une destinée de bric et de broc. Au XVIIIe siècle, le public pouvait entrer et sortir sans craindre de rater une scène importante pour la compréhension du spectacle, donnée du divertissement dont il se fichait royalement.
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