Jeudi 6 février, le soleil est radieux sur Downing Street. Big Ben vient de sonner 10 heures du matin, un taxi dépose Laila Soueif, 68 ans, devant les grilles du 10 Downing Street. Il y a exactement 130 jours cette célèbre militante égyptienne des droits de l’homme a commencé une grève de la faim pour alerter sur l’incarcération sans fin de son fils, Alaa Abd El-Fattah, une des figures de la révolution égyptienne de 2011, actuellement dans les geôles du président Abdel Fattah Al-Sissi. Presque tous les matins depuis l’automne, cette professeure de mathématiques à l’université du Caire, sœur de l’écrivaine Ahdaf Soueif, se plante devant la célèbre adresse londonienne, siège de l’exécutif britannique, pour pousser ce dernier à agir, son fils ayant comme elle la double nationalité, égyptienne et britannique.
Laila Soueif est une mère courage : le visage émacié sous un épais casque de cheveux blancs, elle ne boit plus que du café chaud, du thé, des boissons minéralisées et ne compte pas s’arrêter avant la libération de son fils. Elle a perdu plus de vingt kilos et s’affaiblit de jour en jour. « Je tiens toujours sur mes pieds, je continuerai ma grève de la faim tant qu’Allah le voudra, quoi qu’il arrive », explique-t-elle d’une voix affaiblie mais assurée. Toute sa vie d’adulte, avec son époux, Ahmed Seif El Islam (décédé en 2014), cette intellectuelle de gauche a bravé la répression policière et le régime du président Hosni Moubarak avant celui de Sissi. Ses deux filles, Mona et Sanaa, et son fils, Alaa, ont repris sa quête de justice.
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