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Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés, samedi 19 avril, à Londres pour la défense des droits des personnes transgenres, après la décision de la Cour suprême britannique, rendue mercredi, de fonder la définition légale d’une femme sur le sexe biologique et non sur le genre. Le litige oppose depuis 2018 le gouvernement écossais, qui s’est fortement engagé en faveur des droits des personnes transgenres au cours des dernières années, et l’association For Women Scotland.

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« Les femmes trans sont des femmes », « Les personnes trans ne sont pas l’ennemi », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants, pour la plupart âgés d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années. Ils se sont rassemblés dans le centre de Londres, sur la place du Parlement. Une autre manifestation était prévue à Edimbourg, en Ecosse.

La décision de la Cour suprême va certainement avoir des conséquences majeures pour les femmes transgenres, ouvrant la voie à leur exclusion de lieux réservés aux femmes, comme des toilettes ou des centres d’hébergement. La Cour suprême a assuré que le jugement ne diminuait pas les protections dont bénéficient les personnes transgenres contre les discriminations ou le harcèlement. Néanmoins, l’inquiétude monte parmi elles.

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« Les extrémistes se sentent renforcés par la décision » de la Cour

« Tout dans ma transition va être plus compliqué », craint Joe Brown, une femme transgenre de 29 ans. Elle pense que les enfants transgenres vont avoir « plus peur » de faire leur coming out. Elle craint aussi que les transgenres « ne soient plus capables d’accéder aux services de santé ».

Eevee Zayas, transgenre également, craint pour sa part que « les extrémistes se sentent renforcés par la décision » de la Cour suprême, affirmant que la transphobie est déjà en hausse. Eevee Zayas vit depuis quatorze ans au Royaume-Uni mais a décidé de rentrer dans son pays d’origine, l’Espagne, le jugeant plus progressiste.

Avery Greatorex, coprésidente de l’organisation Pride in Labour, explique que la manifestation a été organisée « pour mettre la pression sur le gouvernement et la population », afin qu’ils agissent pour « garantir les droits des personnes transgenres ».

Il s’agit d’un sujet extrêmement clivant, à l’origine d’une violente querelle entre, d’une part, les défenseurs des droits des personnes transgenres et, d’autre part, des militantes estimant que les droits des femmes cisgenres sont menacés par certaines revendications des premières.

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Au cœur du débat se trouvait l’interprétation de la loi britannique sur l’égalité (Equality Act) de 2010. Pour le gouvernement écossais, ce texte était clair : si une femme transgenre a obtenu un certificat de reconnaissance de genre, elle est considérée comme une femme, et a droit aux mêmes « protections que celles qui sont déclarées femme à la naissance ». Après une première victoire devant la justice écossaise, For Women Scotland a été déboutée deux fois en 2023.

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Ce sujet a toujours été particulièrement épineux en Ecosse. En 2022, le gouvernement local avait fait voter une loi pour faciliter le changement de genre sans avis médical à partir de 16 ans. Ce texte avait été bloqué par le gouvernement conservateur à Londres. En janvier 2023, les autorités écossaises avaient aussi dû annoncer la suspension du transfert de tout détenu transgenre ayant des antécédents de violences envers les femmes vers une prison pour femmes, à la suite de deux cas qui avaient choqué l’opinion publique.

Au total, quelque 8 500 personnes ont obtenu un certificat de reconnaissance de genre au Royaume-Uni depuis la création de ce dispositif, en 2004, avait rapporté le gouvernement écossais en novembre 2024.

La décision de la Cour suprême pourrait trouver un écho jusqu’aux Etats-Unis. Depuis son retour à la Maison Blanche, en janvier, le républicain Donald Trump cible les personnes transgenres, voulant notamment les expulser de l’armée ou restreindre les procédures de transition pour les mineurs.

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Le Monde avec AFP

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