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FRANCE 2 – MERCREDI 25 SEPTEMBRE À 21 H 05 – TÉLÉFILM

Ambre (Frankie Wallach), 20 ans, vient de rater son passage en deuxième année de droit et veut tout envoyer balader. Ses parents, chez qui elle vit encore, exigent qu’elle s’accroche. Le père (Chad Chenouga), surtout, qui espère pour sa fille une existence moins modeste que celle qu’il a menée. La mère aussi (Anne Suarez), qui, elle, craint le départ de sa fille du foyer familial. Ou plutôt celui de son petit-fils, Nolan (Amaury Leroy), bientôt 4 ans, dont elle s’occupe depuis la naissance.

Lire la rencontre avec Julia et Frankie Wallach (en 2021) : Article réservé à nos abonnés « Avec ma grand-mère, ancienne déportée, j’ai trouvé ma muse »

C’est dans ce contexte conflictuel, dont la source, devine-t-on, est ancienne, que débute A l’épreuve, nouveau téléfilm d’Akim Isker. Sélectionné au Festival de la fiction de La Rochelle, qui s’est tenu du 10 au 15 septembre, il y a été couronné de deux prix. Celui de la meilleure fiction française et celui de la presse étrangère.

En 2021, le réalisateur avait déjà obtenu la reconnaissance avec L’Enfant de personne (récompensé au même festival par le prix du meilleur unitaire), adaptation réussie et bouleversante du livre autobiographique de Lyes Louffok, Dans l’enfer des foyers (Flammarion, 2014), dans lequel l’auteur racontait les manques affectifs, les maltraitances et le ballottage de familles d’accueil en foyers auxquels il avait été confronté durant toute son enfance. Force est de le constater : Akim Isker n’est jamais aussi bon et inspiré que lorsqu’il aborde le lien filial, les blessures laissées par ses carences et, a contrario, la force qu’il peut procurer.

Thèmes que l’on retrouve dans A l’épreuve, traités cette fois de façon plus diffuse, et non moins profonde. Et ce, tout au long d’un scénario (signé Fanny Chesnel et Noémie de Lapparent) dont le principal mérite est de savoir entremêler différents sujets, sans en négliger ni en privilégier aucun. Le choix pourrait rendre l’ensemble superficiel. C’est l’inverse qui se produit. Quand Ambre s’emporte, ce jour-là, contre ses parents, elle claque la porte, se réfugie avec son fils chez une amie, avant de trouver un travail d’éboueuse, et d’emménager enfin dans son propre studio. Le quotidien est rude, mais au moins elle apprend à se débrouiller seule.

Un milieu d’hommes

Le récit d’apprentissage qui s’ouvre alors s’enrichit au contact du milieu auquel Ambre, soudain, se confronte. Celui des éboueurs et plus précisément de « la fonctionnelle », dite « l’unité d’élite » de la propreté, qui envoie ses équipes de nettoyage sur les lieux après une manifestation, un accident, un attentat, un match, un marathon. Les interventions exigent une grande disponibilité.

Ambre a choisi ce service pour les primes qui s’ajoutent au salaire. Le choix l’oblige cependant à jongler entre les horaires de l’école et son travail. Elle en bave comme pas deux. D’autant que son chef de brigade (Bernard Campan) ne lui fait pas de cadeau, à la fois pour des raisons d’exigence professionnelle et par pure misogynie. Bien que dirigée par une femme (Clémentine Célarié), « la fonctionnelle » demeure un milieu d’hommes.

Ses parents non plus ne l’aident guère, qui n’hésitent pas à entreprendre une action auprès du juge des affaires familiales pour obtenir la garde de leur petit-fils. A l’école, ils ont appris que l’enfant rencontrait des problèmes de concentration. L’occasion est trop belle pour ne pas tenter de récupérer celui qui donnait un sens à leur vie.

Petite héroïne du quotidien

En s’accumulant, les difficultés se transforment en combat, auquel Ambre fait face. Cette adversité donne progressivement à la jeune fille une stature de petite héroïne du quotidien et au propos du film une dimension plus large. A l’épreuve, en effet, ouvre le champ, glissant, l’air de rien, de l’intime au collectif, du cas personnel au général.

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Au passage aura été mise en lumière une profession méconnue et méprisée (Ambre tait à tous qu’elle est éboueuse), dont on mesure ici la pénibilité et le degré d’invisibilité subis par ses salariés. Ainsi que la situation précaire dans laquelle se trouvent, aujourd’hui, beaucoup de mères monoparentales.

Forte déjà d’une longue carrière (au théâtre et au cinéma), l’actrice Frankie Wallach, superbe interprète du rôle principal, incarne toutes ces femmes, en leur prêtant une énergie folle, un sourire généreux, une tendresse de petite fille et une volonté de guerrière. Sa présence marche à l’unisson du rythme soutenu de la mise en scène. Et donne envie d’abattre des montagnes.

A l’épreuve, téléfilm réalisé par Akim Isker. Avec Frankie Wallach, Bernard Campan, Moussa Sylla, Zacharie Chasseriaud, Clémentine Célarié (Fr., 2024, 90 min). Diffusé sur France 2 et disponible en replay sur France.tv.

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