Le Niger, engagé dans des procédures internationales avec le géant français de l’uranium Orano (anciennement Areva) , a accusé samedi 27 septembre à l’ONU la France de l’« entraîner dans des procès interminables pour arrêter l’exploitation et la vente » de son minerai.
L’exploitation de l’uranium au Niger est au centre d’un bras de fer entre la junte qui a pris le pouvoir en 2023 à Niamey et le groupe français Orano. Le régime militaire, qui mène une politique souverainiste, a nationalisé en juin la Somaïr, filiale d’Orano qui en avait perdu le contrôle opérationnel depuis plusieurs mois.
L’entreprise, dont le capital est détenu à 90 % par l’Etat français, avait annoncé des procédures d’arbitrage international contre le Niger. Vendredi, Orano a affirmé qu’un tribunal constitué sous l’égide du centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) avait arbitré en sa faveur.
Selon l’entreprise, ce tribunal a « enjoint à l’Etat du Niger de ne pas vendre, ni céder, ni même faciliter le transfert à des tiers de l’uranium produit par la Somaïr retenu en violation des droits d’Orano ».
« L’uranium du Niger appartient au Niger »
« Ce gouvernement [français] en désarroi cherche à nous entraîner dans des procès interminables pour arrêter l’exploitation et la vente de notre minerai », a accusé samedi le premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine, à l’Assemblée générale de l’ONU. « En un demi-siècle d’exploitation, l’uranium n’a apporté aux Nigériens que misère, pollution, rébellion, corruption, désolation et aux Français, prospérité et puissance », a-t-il accusé.
La décision provisoire du Cirdi, une organisation de la Banque mondiale établie à Washington, « ne remet en cause ni la continuité des activités de la Somaïr, ni la souveraineté du Niger sur ses ressources. L’uranium du Niger appartient au Niger », a écrit samedi sur Facebook Ibrahim Bana, activiste et influenceur proche du régime nigérien.
La junte a tourné le dos à la France, l’ancienne puissance coloniale, pour se rapprocher d’autres partenaires comme la Russie ou l’Iran. En juillet, la Russie avait déclaré avoir la volonté d’exploiter l’uranium au Niger.