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Histoires Web samedi, octobre 5
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Pour mieux se glisser dans sa nouvelle peau de directeur de Sciences Po, Luis Vassy, 44 ans, est remonté aux sources. Quoi de mieux qu’une biographie d’Emile Boutmy, bâtisseur de l’Ecole libre des sciences politiques en 1871 ? A l’évocation du physique du père fondateur, décrit comme « frêle », « avec un léger strabisme », par François et Renaud Leblond, auteurs d’Emile Boutmy, le père de Sciences Po (Anne Carrière, 2013), il n’a pu s’empêcher de faire le rapprochement avec sa propre apparence. « Chacun en déduira ce qu’il veut ! », ironise-t-il, lunettes sur le nez.

Mardi 1er octobre, l’ex-directeur du cabinet de l’ancien ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné a investi son nouveau bureau, rue Saint-Guillaume, à Paris. Adoubé les 19 et 20 septembre par une majorité des membres du conseil de l’Institut d’études politiques et du conseil de la Fondation nationale des sciences politiques, il prend les rênes d’une école de 15 000 étudiants, dotée de 250 millions d’euros de budget, qu’il a lui-même fréquentée à la fin des années 1990, simultanément avec l’Ecole normale supérieure de Cachan et avant de passer par l’ENA – promotion Sédar Senghor, la même qu’Emmanuel Macron.

La démission de son prédécesseur, Mathias Vicherat, au mois de mars, renvoyé devant la justice avec son ex-compagne pour des faits de violences conjugales, puis la mobilisation étudiante déclenchée par la guerre menée par Israël à Gaza à la suite de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 ont marqué l’établissement, qui voudrait bien ouvrir une nouvelle page. L’ancien ambassadeur à La Haye entre 2019 et 2022 fait justement de l’« apaisement » son mantra. Ses projets sont multiples, parmi lesquels l’« adaptation des procédures » de recrutement, la création d’une « école de la gouvernance et des politiques du climat », la formation des étudiants en bachelor aux méthodes de la recherche en sciences humaines.

Répression

Lorsqu’il vivait, enfant, dans un HLM de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), Luis Vassy se voyait architecte, dessinant sans cesse des plans de maisons. Il s’est passionné ensuite pour l’informatique, avant de réaliser que l’ouverture au monde offerte par les carrières diplomatiques correspondait à ce qu’il cherchait.

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L’histoire familiale des Vasilskis est faite de ruptures, de départs forcés, de violences. « Réfugié politique en France en 1974, mon père a francisé notre nom d’origine juive polonaise », relate-t-il. En 1930, son grand-père Abraham, alors adolescent, fuit le régime autoritaire au pouvoir en Pologne. Il embarque pour Montevideo, en Uruguay, où vit déjà son propre père.

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