C’est un soir idéal aux couleurs paradisiaques qui accueille, mercredi 14 mai, le public sur les berges de La Seine musicale, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Parmi les chefs-d’œuvre programmés dans l’auditorium par Laurence Equilbey au long d’une saison qui aura fêté la première décennie de son Insula orchestra (le bien nommé, puisqu’il s’est de fait arrimé sur l’île Seguin), le rare Paradis et la Péri (1843), de Schumann, dont le hasard du calendrier veut qu’il ait été interprété deux jours plus tôt par Jordi Savall à la Philharmonie de Paris. Différence de taille, la version présentée à Boulogne-Billancourt entre dans une catégorie qu’affectionne et développe depuis le début la cheffe d’orchestre : le « concert mis en scène », avec vidéo, surtitrage, lumières et scénarisation théâtrale, cette fois, plus qu’une véritable mise en espace.
Inspiré de la mythologie arabo-persane, d’après le poème épique Lalla Rookh de l’auteur irlandais Thomas Moore (1779-1852), proche de Byron, l’oratorio profane schumannien (il en a coréalisé le livret d’après la traduction en allemand de Hermann Theodor Oelckers) relate la quête d’une péri, génie céleste, pour regagner le paradis dont elle a été chassée, au prix d’une offrande digne des dieux. Sur sa route de rédemption en trois étapes, le sang versé d’un patriote mort au combat, le sacrifice d’une amoureuse acceptant de mourir au côté de son fiancé atteint par la lèpre, enfin les larmes de repentir d’un criminel rédimé par la prière d’un enfant – ce fragile talisman seul ouvrira enfin à la Péri les portes de la béatitude céleste.
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