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« Un coup de pouce pour aider les personnes en recherche d’emploi », telle est la vocation d’un événement qui a eu lieu le 16 mai à Bordeaux. S’agit-il d’un atelier de formation, d’une rencontre entre recruteurs et chômeurs ? Oui, en quelque sorte, mais après avoir… dévalé une pente sur un fauteuil ergonomique. La « course de chaises de bureau » veut réunir dans la bonne humeur des patrons qui recrutent et des jeunes. Manque de chance, le gagnant 2023 a bien obtenu un entretien d’embauche, mais il n’a même pas abouti.

Ces dernières années, France Travail a multiplié les initiatives similaires, notamment avec des centaines de journées « Du stade vers l’emploi », où sont réunis anonymement demandeurs et recruteurs dans des équipes sportives le matin, avant que ces derniers ne révèlent leur identité. Début 2024, le dispositif « L’art d’accéder à l’emploi » propose même aux chômeurs des Hauts-de-France de créer une œuvre artistique qui leur servira de CV.

Ces opérations ludiques, qui cherchent à remobiliser des personnes éloignées de l’emploi, ont le mérite de sortir des modalités habituelles de recrutement (CV, lettre de motivation…). Mais elles provoquent un certain malaise : le temps d’une journée, il faudrait oublier l’urgence de retrouver un emploi, s’amuser, et sourire à de potentiels recruteurs.

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Pour justifier l’existence de ces événements est souvent évoquée l’idée de « donner envie » à ces personnes de s’y présenter : cela signifierait donc que la plupart d’entre elles se complaisent dans leur statut de demandeur d’emploi ? Un terme très maladroit − évidemment importé des Etats-Unis − décrit cette insinuation : « funemployment », contraction de « fun » et d’« unemployment » (chômage).

Une relance pour l’emploi ?

Au même titre qu’existeraient des « métiers passion », il faudrait reconnaître l’existence d’un « chômage plaisir ». Cette tendance artificielle s’est propagée il y a quinze ans, dans la foulée de la crise de 2008. Il s’agissait alors pour certains licenciés de dédramatiser l’épreuve du chômage en prenant une pause à base de loisirs, relayait en masse la presse française.

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L’expression revit aujourd’hui, notamment avec le mouvement QuitTok, où des jeunes annoncent avec fierté, sur TikTok, qu’ils ont démissionné de leur boulot, qui les ennuie ou les épuise. Cette nouvelle définition ne concerne en réalité que de rarissimes jeunes cadres, profitant d’une conjoncture toujours favorable sur certains métiers pour s’amuser.

Et c’est ainsi que l’exemple de Jean-Kévin, ingénieur produit dans un grand groupe industriel, qui a tout plaqué pour faire le tour du monde, conduit à la conclusion que « les jeunes ne veulent plus travailler ». Le filet de sécurité de l’assurance-chômage ne serait donc qu’un hamac où les fainéants somnolent.

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