« On perd tous des cheveux de temps en temps, mais, quand vous êtes trois dans 10 mètres carrés, niveau propreté, ça devient vite l’enfer. Alors on s’est tous tondu le crâne. » Pour vivre dans sa cellule, prévue pour n’accueillir que deux détenus, Kévin – les prénoms ont été modifiés – a multiplié les stratagèmes. Le jeune père, en détention provisoire à la prison de la Santé, dans le 14e arrondissement de Paris, est assis sur son matelas, posé à même le sol, sous la télévision, qu’il entend mais ne voit pas, et face au lit superposé de ses deux codétenus. Les chaises, qui ne servent pas, sont empilées dans un coin. Des bouts de couvertures déchirées en fines lanières sont tendus en travers de la pièce, en guise de fils à linge. L’un d’eux est fixé à une étagère rigoureusement organisée, remplie de nourriture, de médicaments, de vêtements, de pochettes de documents administratifs, et d’un livre d’origami. A promiscuité extrême, grande discipline.
En cette matinée du lundi 27 octobre, les détenus font l’effort de se serrer un peu plus encore. L’un d’eux se colle contre la fenêtre, que ses larges épaules font presque disparaître, pour permettre aux députés La France insoumise Ugo Bernalicis (Nord) et Danièle Obono (Paris) de faire un pas à l’intérieur et de discuter avec eux. Plus tôt, les deux élus se sont présentés à l’accueil du centre pénitentiaire pour exercer leur droit de visite. Le code pénal autorise les parlementaires à entrer dans n’importe quelle prison, sans prévenir, pour observer les conditions de détention et échanger avec les détenus qui le souhaitent, accompagnés de journalistes. Pour les médias, c’est une rare occasion de documenter le fonctionnement des établissements pénitentiaires.
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