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Histoires Web dimanche, juin 30
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Depuis 2016, avec la parution de son pénultième album, Hopelessness, une œuvre électronique et écologique enregistrée sans le groupe the Johnsons, l’artiste britannique ne s’appelle plus Antony, mais Anohni (son « nom spirituel »), de préférence orthographié en lettres capitales. Mais c’est avec cette formation à laquelle sa carrière est associée depuis le début des années 2000 – et la révélation que fut l’album I Am a Bird Now, en 2005 – qu’Anohni chantait pour deux soirées, les 26 et 27 juin, à l’occasion de la 14e édition de Days Off. Huit ans après un précédent passage dans ce festival organisé à la Philharmonie de Paris, mais sans the Johnsons.

L’ensemble a été réuni pour My Back Was a Bridge for You to Cross, splendide exercice de soul paru à l’été 2023, produit avec la complicité du Londonien Jimmy Hogarth connu pour son travail avec les chanteuses Sia, Corinne Bailey Rae, Suzanne Vega ou Duffy. Tirés à quatre épingles et tout de blanc vêtus, the Johnsons, entité élastique élargie aujourd’hui à neuf membres avec Hogarth à la guitare, entrent en scène pour aussitôt s’effacer derrière le numéro de pantomime d’une créature dont le voile de mariée (ou suaire de fantôme) est surmonté de bois de cervidé.

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Il est exécuté par Johanna Constantine, qui avait fondé avec Anohni, à New York, au début des années 1990, Blacklips, collectif queer et punk. L’insolite est au rendez-vous un peu plus quand Anohni, sur la guitare jazz de Jimmy Hogarth, bientôt encordée dans une soul que n’aurait pas reniée Marvin Gaye, entonne Why Am I Alive Now ? alors que défilent sur l’écran des images rappelant l’origine du nom the Johnsons.

Somptuosité et minimalisme

Lou Reed (1942-2013) fut un des premiers admirateurs d’Antony Hegarty et c’est à sa sulfureuse ballade Walk on the Wild Side que l’on pense alors que de gros plans fixent des lèvres et des regards rehaussés de faux cils. Le rockeur misanthrope avait obtenu un tube improbable en 1972 avec sa description sans fard des « superstars » trans qui entouraient Andy Warhol. Parmi elles, Candy Darling, dont la photo prise sur son lit de mort, en 1974, serait utilisée pour la pochette d’I Am a Bird Now. Pour celle de My Back Was a Bridge for You to Cross apparaît le visage de Marsha P. Johnson (1945-1992), drag-queen en hommage de laquelle furent baptisés the Johnsons. Surnommée « maire de Christopher Street », la célèbre rue LGBT de Greenwich Village, elle fut en première ligne lors des émeutes de Stonewall, en 1969. Anohni eut à peine le temps de la rencontrer avant que l’on retrouve son corps dans le fleuve Hudson, en 1992. Un interlude pendant le concert montre une interview de Marsha P. Johnson expliquant que, dans son cas, le commerce du sexe est une activité de survie.

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