Comment reconstruire sa maison quand un missile l’a réduite en cendres ? Quelles essences de plantes repoussent le plus vite sur un sol intoxiqué au phosphore blanc ? Que faire pour les chasseurs si l’édification d’un barrage antichar entrave la circulation des animaux ? Dans le vacarme de la Biennale d’architecture de Venise, qui a ouvert samedi 10 mai, ces questions s’élèvent depuis les pavillons de l’Ukraine, du Liban, de la Lettonie. Comme des cris silencieux, elles révèlent la nature hors-sol du « technosolutionnisme » promu par Carlo Ratti, le commissaire général de cette 19e édition.
Le thème général, Intelligens, mariage heureux des intelligences humaine et artificielle au profit de l’industrie de la construction et d’une caste de vainqueurs, masque une indifférence polie au sort des laissés-pour-compte, qu’il s’agisse des plus pauvres ou des victimes des catastrophes climatiques et des conflits armés. L’architecture dispose pourtant de ressources précieuses pour paver la voie d’un avenir respirable, partageable par tous, et c’est tout le mérite des pavillons de ces pays en prise directe avec la guerre, mais aussi de la Grande-Bretagne qui a offert l’asile à un collectif engagé à Gaza, que de le montrer.
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