Des bulldozers israéliens ont commencé, lundi 22 décembre, à détruire un immeuble hébergeant une douzaine de familles palestiniennes à Jérusalem-Est au motif qu’il avait été construit sans permis. Les autorités palestiniennes ont fustigé « une politique systématique de déplacements forcés ».
Tôt lundi dans le quartier de Silwan, situé près de la Vieille Ville, trois bulldozers de la municipalité israélienne, protégés par un important déploiement des forces israéliennes, s’activaient dans un nuage de poussière, détruisant peu à peu les façades de l’immeuble, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse (AFP).
Près d’une centaine de Palestiniens, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, vivent dans l’immeuble de quatre étages, selon des sources locales.
Eid Shawar, 38 ans et père de cinq enfants, raconte avoir été réveillé par la police qui a défoncé sa porte pour lancer les évictions. « Ils nous ont dit de nous changer et de prendre seulement papiers et documents importants. On n’a pas été autorisés à prendre nos meubles », déplore le trentenaire qui ne sait pas où aller. « C’est une tragédie », lâche-t-il.
Une démolition « sans préavis »
La Ville sainte est un enjeu central du conflit israélo-palestinien. Les tensions y sont permanentes, en particulier à Jérusalem-Est, majoritairement palestinienne, occupée et annexée par Israël depuis 1967. Ces tensions se sont accentuées depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien ayant déclenché la guerre dévastatrice dans la bande de Gaza.
Israël considère Jérusalem-Est comme partie intégrante de sa capitale. Les Palestiniens veulent faire de la ville la capitale de l’Etat indépendant et souverain auquel ils aspirent. L’Organisation des Nations unies (ONU) juge illégale l’annexion de Jérusalem-Est et ne reconnaît pas Jérusalem comme capitale d’Israël.
Le gouvernorat de Jérusalem, entité administrative mise en place par l’Autorité palestinienne pour représenter la métropole, a fustigé dans un communiqué « une politique systématique de déplacements forcés des citoyens palestiniens, visant à vider la ville de ses habitants originels ».
La démolition intervient « sans préavis », quelques heures avant une réunion entre l’avocat des résidents et un responsable de la municipalité israélienne de Jérusalem « pour discuter de possibles mesures pour une régularisation du bâtiment », ont déploré dans un communiqué deux organisations non gouvernementales (ONG) israéliennes, Ir Amim et Bimkom. Cette démolition est, selon les ONG, la plus importante de l’année. En 2025, ajoute le communiqué, « une centaine de familles de Jérusalem-Est ont perdu leur maison ».
Contactée par l’AFP, la municipalité israélienne a expliqué que l’immeuble avait été « construit sans permis » et faisait l’objet d’un « ordre de démolition judiciaire » depuis 2014. Le terrain était destiné, selon elle, à un usage « récréatif et sportif », et non résidentiel.









