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Histoires Web dimanche, juin 30
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C’est la gauche la plus bête du monde, aurait pu dire Guy Mollet, l’inventeur de cette formule assassine appliquée à la droite au milieu des années 1950. Une gauche dont les divisions et les ambitions locales conduisent probablement à laisser filer une circonscription importante dans la bataille contre le Rassemblement national (RN), lors des législatives des 30 juin et 7 juillet. Dans une élection nationale où chaque poste de député comptera au soir du second tour, notamment pour savoir si le RN parviendra à obtenir une majorité absolue, la 3e circonscription de l’Oise pouvait représenter un espoir de conquête pour la gauche.

Amadou Ka, le candidat La France insoumise du Nouveau Front populaire aux élections législatives pour la 3e circonscription de l'Oise, et Omar Yaqoob, à sa gauche, son directeur de campagne. A Creil (Oise), le 26 juin 2024.
Alexandre Sabatou, ex-député et candidat Rassemblement national aux élections législatives pour la 3e circonscription de l'Oise, dans le centre-ville de Chambly (Oise), le 26 juin 2024. Alexandre Sabatou, ex-député et candidat Rassemblement national aux élections législatives pour la 3e circonscription de l'Oise, dans le centre-ville de Chambly (Oise), le 26 juin 2024.

Cela supposait un miracle politique, certes. Que les quartiers populaires de Creil, fortement abstentionnistes, se mobilisent en masse et viennent contrebalancer le vote en faveur du RN des communes rurales du sud de l’Oise, où l’extrême droite a obtenu des scores très élevés lors des élections européennes. D’un strict point de vue arithmétique, cela semblait difficile mais pas impossible. En 2022, le candidat RN, Alexandre Sabatou, avait été élu avec 1 300 voix d’avance sur la candidate de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, grâce à une abstention massive dans les cités sensibles de Creil et Montataire, deux solides bastions de la gauche depuis des décennies.

« Cette circonscription était gagnable. Certes, le RN est arrivé en tête aux européennes mais avec une campagne éclair, on aurait pu aller chercher des réserves de voix. Le problème, c’est le choix du candidat par La France insoumise (LFI) », s’agace le maire socialiste de Creil, Jean-Claude Villemain, qui aurait voulu que sa première adjointe, Sophie Lehner, parte au combat. Or, LFI a choisi un candidat différent dans le cadre de l’accord national du Nouveau Front populaire (NFP) : Amadou Ka, 44 ans, éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse, conseiller municipal d’opposition à Creil. Conséquence de ce désaccord : le maire de Creil, un éléphant du Parti socialiste (PS) de l’Oise, comme il le dit lui-même, a décidé de ne pas faire campagne pour la gauche contre le député sortant RN. « Je suis en vacances », répète-t-il dans son bureau de président de la communauté d’agglomération, une façon de dire qu’il se refuse à toute action militante en faveur du candidat du NFP.

Ils « préparent les élections municipales »

Une partie des militants locaux de LFI ont également choisi de ne pas s’investir dans la bataille. Pour des raisons similaires : d’abord, le rejet d’un candidat qu’ils affirment ne connaître qu’à peine. « Dans cette histoire, ils ne cherchent pas à faire barrage au RN. Ceux qui ont mis en avant Amadou Ka préparent les élections municipales de 2026 », estime Valérie Richard, une des animatrices du mouvement « insoumis » dans l’agglomération. La critique porte également sur la stratégie suivie par les promoteurs du candidat du NFP : « Ils ont fait une erreur supplémentaire : tout miser sur la ville de Creil, très à gauche mais avec une forte abstention, alors que l’élection se jouera aussi dans la partie rurale avec des électeurs pour lesquels LFI et le RN, c’est la même chose », se désole Sophie Lehner, la première adjointe PS au maire de Creil.

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