« Mais c’est pas la même chose le shit et la beuh ? » Jalil (les prénoms ont été changés) a 13 ans, et ne semble pas faire la différence entre les deux principaux produits qu’écoule le point de « deal » pour lequel il fait actuellement le « chouffe » (guetteur). Ayoub, lui, préférerait être ailleurs qu’ici, au « four », encore marqué par sa rencontre avec une machette. Un coup sur le crane, un sur le bras. Une balafre d’une dizaine de centimètres, en forme de virgule autour de son coude, raconte la violence de cette descente « pour effrayer », menée par des concurrents. Pas vraiment ce qu’il espérait en traversant la Méditerranée à 16 ans. Inès, tout juste majeur, reste, lui, fidèle au poste, et ne craint pas d’y mourir, ni d’une volée de balles ni d’épuisement. Il vient d’enchaîner trois « shifts », soit trente-six heures passées à servir les clients et à esquiver la police, avec l’espoir de s’offrir la belle vie et « plein de chattes ». Yeux lourds, cheveux gras, vêtements fatigués, il ne voit pas quelle autre option s’offre à lui – sans papiers, visé par une obligation de quitter le territoire français, il ne peut travailler légalement.
Le trafic de drogue se métamorphose, dans plusieurs quartiers de Clermont-Ferrand. A l’abri des puys qui l’entourent, la capitale auvergnate se croyait épargnée par les violences du narcotrafic, une illusion dissipée au cours de l’année écoulée. Entre novembre 2024 et août de cette année, la police a dû ramasser quatre morts, liés au trafic de drogue.
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