Le grand-père d’Alexey Yurenev, un héros de guerre soviétique qui a combattu dans l’Armée rouge, est mort en 2009 sans jamais avoir voulu parler de ses années de guerre. Et les photos de cette époque ne livrent rien de son expérience : prises loin du front, elles le montrent en studio, dans une pose glorieuse. Face à ce silence insupportable, son petit-fils devenu artiste s’est tourné vers une intelligence artificielle, qu’il a nourrie de 35 000 photos de la seconde guerre mondiale.
Les images qu’il a obtenues, exposées jusqu’au 15 juin au Hangar, centre d’art photographique à Bruxelles, sont une collection de visages impossibles et grotesques, qui évoquent un peu les gueules cassées peintes par Otto Dix après la première guerre mondiale. « La photographie est trop limitée », assure l’artiste, qui a utilisé l’IA avec profit pour « s’éloigner de l’illusion de réalité et aller chercher une mémoire cachée et réprimée ». Dans une vidéo, on le voit présenter ces images étranges et irréelles à un vétéran, qui y reconnaît aussitôt des scènes vécues. Comme si l’IA avait réussi à donner forme à l’horreur universelle de la guerre.
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