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Histoires Web dimanche, mars 16
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Belgrade a connu une journée de colère historique, samedi 15 mars. Dans une atmosphère rendue électrique par les provocations du pouvoir, des centaines de milliers de Serbes – 100 000 selon la police, environ 300 000 selon une organisation de comptage indépendante – ont déferlé dans les rues de leur capitale pour demander « justice » au cinquième mois de ce qui est le plus puissant et le plus long mouvement de protestation anticorruption jamais vu dans ce pays des Balkans, comptant seulement 6,6 millions d’habitants.

« Nous ne permettrons plus à la corruption de mettre en danger la vie de quiconque, comme cela s’est passé à Novi Sad où elle a fait quinze morts », a lancé sous les acclamations de la foule immense une oratrice étudiante faisant référence à l’effondrement de l’auvent de la gare de la deuxième ville du pays. Survenu le 1er novembre 2024 dans une infrastructure qui venait tout juste d’être rénovée, ce drame a déclenché une vague de colère qui s’est d’abord répandue dans les universités avant de s’étendre à toute la société.

La manifestation de samedi rappelle l’ampleur de celles des années 1990 qui ont mené à la chute de l’ancien dictateur Slobodan Milosevic, en 2000. Toute la journée, les étudiants, rejoints par des Serbes de tout âge, ont occupé les rues de Belgrade dans une atmosphère qui est restée très largement pacifique, en dépit de provocations menées par des nervis du pouvoir habillés de noir et cachés derrière des masques. Les étudiants ont, par ailleurs, préféré décréter la dissolution de la manifestation de manière anticipée après l’utilisation d’une mystérieuse arme sonore qui a créé un bref mouvement de panique durant le moment de recueillement silencieux dédié aux victimes de Novi Sad.

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