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Dali et Warhol dans la cité ! Il y a vingt ans, l’artiste Thomas Hirschhorn faisait événement à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) : au cœur de la cité Albinet, où se trouvait – et se trouve encore – son atelier, il faisait venir dans un « musée précaire » des chefs-d’œuvre du Musée national d’art moderne (MNAM). Pour les abriter, durant douze semaines, une modeste cabane, au pied des grands ensembles. Pour les accompagner, des jeunes du quartier, formés à la médiation par l’institution.

Lire le reportage à Aubervilliers (en 2006) : Quand l’art agite la cité

Son Musée précaire Albinet est, depuis, devenu un modèle des projets liant art et société. Marcel Duchamp, Kasimir Malevitch, Piet Mondrian, Joseph Beuys, Le Corbusier, Fernand Léger, tous les artistes embarqués dans cette initiative hors norme avaient pour point commun l’utopie. Et c’est bien d’utopie qu’il s’agissait. « Nous voulions affirmer que l’art peut avoir un impact dans le quotidien des gens, même de ceux qui ont bien d’autres problèmes que l’art », se souvient aujourd’hui le plasticien suisse. Ateliers pour enfants, ateliers d’écriture, conférences d’histoire de l’art, repas dominicaux entre voisins, il avait tout structuré en rituels, « pour permettre à la communauté de venir et d’avoir une expérience sensible ».

Pionnier de l’art dans l’espace public, Thomas Hirschhorn avait déjà mis au point ce type d’intervention, d’Avignon à Cassel, en Allemagne. Mais cet anniversaire est particulièrement cher à son cœur. Samedi 21 septembre, avec l’équipe des Laboratoires d’Aubervilliers, centre d’art à l’initiative du projet, il organise une « célébration critique » de l’événement, de 10 heures à 22 heures, au « city stade » de la rue Albinet.

« Sculpter le champ social »

« Hier comme aujourd’hui, nous devons montrer que l’art peut exister en dehors de son écrin, que l’artiste se doit de sculpter le champ social », clame Yvane Chapuis, qui dirigeait alors les Laboratoires et a travaillé des années avec animateurs sociaux, politiques, habitants, pour préparer la mise en place du Musée précaire. « Aubervilliers avait besoin de cette intensité. Ce Musée précaire, c’est une œuvre, pas une opération. »

En témoignent le colossal catalogue, édité en 2005 par Xavier Barral, et cette journée du 21 septembre, « pour se réjouir, se revoir, et surtout que les gens racontent comment l’expérience a changé, ou pas, leur vie, résume l’artiste. Il s’agit de réaffirmer qu’une œuvre d’art “précaire” dans l’espace public peut dépasser le statut d’objet, exister en dehors de sa matérialité, et créer sa propre mémoire, sa légende, ses moments de grâce et son mystère ».

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