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Histoires Web mardi, octobre 15
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En ce début octobre, des grappes d’élèves entrent et sortent de la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras. Ils traversent le petit square Frachon, ou s’y attardent sur les bancs entourant des carrés d’herbe arborés. Le décor reste imprégné par l’attentat visant cet établissement de plus de 2 000 élèves et de 192 personnels, le 13 octobre 2023, lors duquel le professeur Dominique Bernard fut assassiné. La placette est cerclée de blocs béton installés après le drame. Et à quelques pas des portes d’entrée, d’imposantes jardinières ont été disposées à l’endroit où l’enseignant en lettres a été tué par un ancien élève de l’établissement, Mohammed Mogouchkov.

François Duceppe-Lamarre, professeur d’histoire-géographie à Gambetta, s’est un temps demandé s’il serait encore capable de franchir quotidiennement le sas d’entrée, devenu scène de crime. Il a pendant plusieurs mois préféré des portes latérales. « Aujourd’hui, j’arrive à y passer, comme par n’importe quelle porte », confesse-t-il, avant d’ajouter, ému : « Parfois, je passe, et je salue Dominique, j’ai une pensée pour lui. »

Un an après les faits, le traumatisme causé par l’attentat demeure vivace au sein de la communauté éducative de Gambetta-Carnot, qui a rendu hommage à Dominique Bernard, vendredi 11 octobre, avant une cérémonie publique organisée dimanche par la mairie, avec Isabelle Bernard, veuve du professeur.

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Trois personnels de l’établissement ont été blessés pendant l’attaque. Sous le choc, certains enseignants ont dû être arrêtés plusieurs mois. Outre la violence du crime et le long travail de deuil, chacun a été marqué par ces heures passées confinés dans les salles de classe, ce 13 octobre 2023, suspendu aux images diffusées sur les réseaux sociaux. « Les commémorations nous replongent dans les événements, c’est très difficile pour certains d’entre nous, et des élèves comme des enseignants craquent, on voit que le cycle qui s’est ouvert il y a un an n’est pas terminé », rapporte M. Duceppe-Lamarre, qui travaille depuis un an pour « retrouver l’enthousiasme petit à petit » et « continuer à œuvrer pour le vivre-ensemble ».

Accompagnement psychologique

Le rectorat de Lille a réactivé des cellules d’écoute pour la période des commémorations. Plusieurs dispositifs d’accompagnement psychologique des élèves et des personnels de la cité scolaire ont été mis en place par la préfecture, l’association France Victimes, et l’académie. Un dispositif de suivi individuel et collectif a été installé par le rectorat au printemps. « Il est important pour nous de répondre au besoin de continuité du suivi sur un long terme exprimé par les personnels », assure Paul-Eric Pierre, secrétaire général du rectorat. Gambetta est par ailleurs en contact avec des personnels du collège où exerçait Samuel Paty, enseignant assassiné par un terroriste islamiste le 16 octobre 2020 près de son établissement de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

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