CANAL+ – À LA DEMANDE – SÉRIE
C’est la plus organisée des apocalypses qu’imagine Thomas Vinterberg au long des sept épisodes de Families Like Ours, la plus radicale aussi : l’effacement d’un pays par la volonté de sa représentation nationale, avant même que se matérialise la menace qui plane sur lui. Dans un futur qui ressemble très exactement à notre présent, l’auteur de Festen (1998), ici créateur, coscénariste (avec Bo Hansen) et réalisateur, met en scène l’évacuation du Danemark, dont la submersion est devenue inévitable.
L’idée – un film catastrophe sans catastrophe – est fertile, et Vinterberg en exploite le versant intime, mettant en scène les trajectoires d’une poignée de personnages. Le parti pris porte d’abord ses fruits – la métamorphose de ces bienheureux nourris au lait de la social-démocratie scandinave en parias de l’Europe émergée est saisie avec vigueur –, avant que la série ne se perde, le temps des deux derniers épisodes, en une succession d’épilogues sentimentaux.
On se passera donc du spectacle des villes submergées, des zones commerciales fréquentées désormais par des harengs, des usines devenues casiers à homards. Families Like Ours commence dans les jours qui précèdent l’ordre, annoncé par le gouvernement danois, d’évacuer le pays. On comprend que les Pays-Bas ont déjà dû rendre les armes face à la mer, et – plutôt que d’investir dans de nouveaux ouvrages qui ne feront que prolonger l’agonie – le Parlement et l’exécutif consacreront ce qui reste de ressources au royaume à l’évacuation et à la réinstallation des Danois, en Europe et ailleurs.
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