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L’opposition sud-coréenne a annoncé jeudi 26 décembre avoir déposé une motion de destitution à l’encontre du président par intérim Han Duck-soo, nouvel épisode de la crise politique que vit la quatrième économie d’Asie depuis le coup de force manqué du président désormais déchu Yoon Suk Yeol début décembre.

« Nous avons déposé la motion juste avant la séance plénière », a déclaré le député du Parti démocrate Park Sung-joon à des journalistes à l’Assemblée nationale. « Nous la soumettrons au vote demain », a-t-il ajouté.

L’opposition reproche à M. Han de refuser de pourvoir trois sièges vacants à la Cour constitutionnelle, qui doit dans les six mois valider ou invalider la destitution du président conservateur Yoon Suk Yeol, votée par les députés le 14 décembre, pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale et de museler le Parlement en y envoyant l’armée onze jours plus tôt.

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Han Duck-soo veut un « consensus »

Han Duck-soo, premier ministre, assure l’intérim de la présidence, et M. Yoon est suspendu en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle. Celle-ci doit statuer à la majorité des deux tiers. Or trois de ses neuf sièges sont vacants en raison du départ à la retraite de leurs titulaires l’automne dernier. Les trois nouveaux juges devaient en principe être nommés par le président jeudi parmi les candidats choisis par l’Assemblée nationale, contrôlée par l’opposition.

Mais M. Han, un haut fonctionnaire de carrière de 75 ans, soutient que son statut de président intérimaire ne lui donne pas le pouvoir de procéder à des nominations importantes, et exige que le choix des juges fasse d’abord l’objet d’un accord entre le Parti du pouvoir au peuple (PPP, au pouvoir) et les formations d’opposition.

Le président par intérim doit « s’abstenir d’exercer les pouvoirs présidentiels exclusifs les plus importants, y compris la nomination dans les institutions constitutionnelles », s’est justifié M. Han. « Un consensus entre le parti au pouvoir et l’opposition à l’Assemblée nationale, qui représente le peuple, doit d’abord être atteint », a-t-il ajouté.

La Cour constitutionnelle doit tenir vendredi une première audience sur la destitution de M. Yoon. Si les trois sièges vacants ne sont pas pourvus avant la fin de la procédure, les six juges restants devront statuer à l’unanimité pour chasser définitivement M. Yoon du pouvoir. Un seul vote contre la destitution signifierait son rétablissement automatique dans ses fonctions.

Yoon Suk Yeol sous le coup d’une enquête pour « rébellion »

Le refus de M. Han de nommer les nouveaux juges prouve « qu’il n’a ni la volonté ni les compétences pour respecter la Constitution », a déploré le chef de file des députés du Parti démocrate à l’Assemblée, Park Chan-dae.

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Si la motion déposée par l’opposition est adoptée, il s’agira de la première destitution d’un président par intérim après celle du président titulaire dans l’histoire de la Corée du Sud. Le ministre des finances, Choi Sang-mok, deviendrait alors le nouveau président par intérim.

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La Constitution sud-coréenne dispose que l’Assemblée nationale peut destituer le président par un vote à la majorité des deux tiers, et le premier ministre et autres membres du gouvernement à la majorité simple. L’opposition, qui dispose de 192 sièges sur 300 à l’Assemblée, affirme n’avoir besoin que d’une majorité simple pour déposer M. Han, puisqu’il n’est que premier ministre. Mais le PPP soutient au contraire qu’une majorité des deux tiers est nécessaire, puisque M. Han est président par intérim.

Yoon Suk Yeol, 64 ans, est par ailleurs sous le coup d’une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort. Le Bureau d’enquête sur la corruption, qui centralise les investigations, a déjà convoqué deux fois le président déchu pour l’interroger sur les événements de la nuit du 3 au 4 décembre, qui avaient sidéré le pays. Mais M. Yoon ne s’est présenté à aucune de ces convocations.

Les enquêteurs doivent décider dans les prochains jours s’ils adressent une troisième convocation, ou s’ils demandent à la justice un mandat d’amener pour faire comparaître M. Yoon de force.

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Le Monde avec AFP

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