Le déluge de commentaires publiés à la suite de la tribune de Dominique Foray dans Le Monde du 26 novembre suffit à s’interroger sur les intentions de ce professeur émérite d’économie et de management à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Sous le couvert d’un meilleur management de l’existant, l’objectif affiché est toujours le même : réduire un peu plus les coûts budgétaires de la recherche publique, déjà en très grande difficulté. M. Foray propose une solution clé en main : mettre dos à dos enseignants-chercheurs des universités et chercheurs au CNRS, en expliquant aux uns que leurs difficultés sont liées aux prétendus privilèges des autres, « dispensés d’obligation d’enseignement ».
Ce texte témoigne d’une méconnaissance profonde du système français et de la complémentarité qu’il met en œuvre en adossant formation et recherche. Car les chercheurs au CNRS comme les universitaires interviennent dans la formation et la recherche, mais à des degrés différents, assurant ensemble des enseignements complets et une recherche toujours performante, quoi qu’en disent leurs détracteurs. En particulier, le rassemblement des acteurs de la recherche issus de différentes institutions au sein des unités mixtes de recherche (UMR) est un système efficacement fédérateur.
Le CNRS est l’un des plus anciens organismes consacrés à la recherche fondamentale, mais pas le seul (IRD, Inserm et INRA par exemple en France, FNRS en Belgique, CSIC en Espagne, Institut Max-Planck en Allemagne, CNR en Italie, Conicet en Argentine). C’est toutefois le dernier qui dispose d’un nombre substantiel de chercheurs titulaires travaillant dans toutes les disciplines (33 800 agents, dont 11 800 chercheurs permanents).
Tâches administratives
Ses chercheurs ne sont pas dispensés d’obligation d’enseignement : l’enseignement ne fait pas partie de leurs obligations statutaires. Pour autant, ils participent à la formation des étudiants (encadrement de stages, de mémoires, de doctorats, comités de suivi, organisation de séminaires, relectures, évaluations, publications, etc.), et nombreux sont ceux qui assurent aussi des charges de cours.
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