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Histoires Web mardi, décembre 17
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Livre. Trois cents pages sur les vignerons en biodynamie d’Anjou ? Avec cinq ans d’immersion et une centaine d’entretiens, l’enquête de l’anthropologue Jean Foyer tient à première vue de la monographie la plus pointue. Le sujet l’est, mais révèle vite sa portée globale : ce courant de l’agriculture biologique reposant sur les rythmes cosmiques « renvoie à des formes de modernités alternatives » nourries par une vision « écologico-spirituelle du monde ». Voilà la thèse déployée par ce chargé de recherche au CNRS. Ainsi, la biodynamie déjouerait le rationalisme propre à notre modernité, recréant un rapport au monde mettant au centre l’alliance avec les autres vivants et une sensibilité à l’invisible.

Les Etres de la vigne (Wildproject, 304 pages, 21 euros) se situe dans l’héritage du « tournant ontologique de l’anthropologie » né dans le sillage de Bruno Latour et Philippe Descola tout en participant à une orientation qui semble avoir émergé récemment. Après une vague de travaux issus de terrains lointains comme l’Amazonie, des études nouvelles se penchent sur les fissures dans le rationalisme de notre société.

En explorant le renouveau des magnétiseurs en France, la sociologue Fanny Charrasse évoquait ainsi, dans Le Retour du monde magique (La Découverte, 2023), une modernité devenue « réflexive » et ouverte à « d’autres ontologies ». C’est avec un prisme similaire que Jean Foyer analyse la biodynamie, y décelant une voie pour « réanimer le monde ».

Hybridation ontologique

Ces frictions dans la modernité expliquent peut-être la violence des controverses autour de la biodynamie, taxée par ses détracteurs de charlatanisme, et dont les principes furent formulés en 1924 par le père de l’anthroposophie, Rudolf Steiner (1861-1925). La robustesse du dispositif parvient à faire de ce terrain délicat un réel objet d’anthropologie, restitué en deux grandes parties. La première s’intéresse aux politiques de la biodynamie et mobilise trois niveaux d’analyse en convoquant l’infrapolitique (les résistances pour perdurer face au modèle dominant), la mésopolitique (les rapports institutionnels du quotidien) et la cosmopolitique (la façon dont se « joue la composition » des collectifs humains).

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