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Depuis plus de vingt ans, Andreï Kostine, 68 ans, dirige VTB, la deuxième banque de Russie, contrôlée à plus de 61 % par l’Etat et considérée comme l’un des bras armés financiers du Kremlin. Nommé deux ans après l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, ce diplômé en politique économique et ancien diplomate de carrière passe pour un proche de l’ex-espion devenu président. Les Occidentaux ont placé sous sanctions VTB et son patron, interdit de séjour à l’Ouest. Rencontre à Ras Al-Khaïma, aux Emirats arabes unis, en marge du Forum économique eurasiatique de Vérone, organisé les jeudi 5 et vendredi 6 décembre, au lendemain de son entrevue avec Vladimir Poutine.

A la tribune d’une conférence organisée par votre banque, à Moscou, le 4 décembre, Vladimir Poutine a exigé des « actions » du gouvernement et de la banque centrale pour lutter contre l’inflation, qui, à près de 9 %, est le double de l’objectif officiel. Quelles doivent être ces « actions » ?

Malgré d’énormes pressions extérieures, l’économie russe et son secteur bancaire sont en bonne forme. La situation macroéconomique globale reste stable. Le gouvernement et la banque centrale s’en tiennent à des politiques monétaires et économiques souples et prudentes. Je crois que les risques inflationnistes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont gérables.

La Banque centrale de Russie a déjà relevé son taux d’intérêt, qui, à 21 %, est à un niveau record. Il pourrait, d’ici à la fin de l’année, augmenter de nouveau. Du coup, VTB, notre banque, a augmenté les taux d’emprunt jusqu’à 26 voire 27 %, mais nous rémunérons les comptes de dépôt à 23 ou 24 %. La banque centrale imposera, à partir de 2025, de nouvelles exigences en capital pour autoriser des prêts. Pour les emprunts aux entreprises, elle ajoute aussi de nouvelles mesures, qui réduiront les possibilités d’emprunt. En conséquence, la hausse des prêts de VTB aux entreprises devrait passer de 20 % en 2024 à 10 % en 2025. Pour les prêts à la consommation, nous nous attendons même à une croissance minimale. Et les prêts à l’immobilier devraient baisser de 20 à 30 %.

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Ces mesures permettent à la banque centrale de lutter contre l’inflation. Quant au gouvernement, de son côté, il promet, pour 2025, un déficit budgétaire limité à 1 % seulement. Il stoppera les aides pour les emprunts immobiliers, et d’autres mesures, pour garder le budget en équilibre. Pour les autorités, c’est le choix entre de mauvaises solutions et des solutions pires. Le gouvernement a prévenu que la croissance du PIB devrait passer de 4 % en 2024 à 2 % en 2025. Mais c’est le prix à payer pour faire baisser l’inflation.

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