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Le procureur général près la cour d’appel d’Aix-en-Provence, Franck Rastoul, analyse l’impact de l’essor de groupes criminels comme la DZ Mafia. Il estime qu’il est temps de « prendre la mesure de la toxicité des millions d’euros issus du trafic ».

Quelle place occupe le recours à l’extorsion pour les groupes criminels actifs dans le trafic de stupéfiants à Marseille ?

Le recours aux extorsions, difficile à quantifier, est la conséquence logique du développement sans précédent des trafics de stupéfiants, selon une logique de maîtrise du territoire. Ce phénomène noté à Marseille dans le monde limité du rap s’étend désormais au-delà, au niveau des commerces, des bars, des établissements de nuit… On constate un crescendo dans les procédures avec l’objectif pour les narcotrafiquants d’exploiter toutes les ressources de revenus possibles. Pour assouvir leur appât du gain, les groupes criminels appliquent une logique de terreur. L’extorsion prend toutes les formes : le paiement d’une dîme, des remises d’argent sans régularité temporelle, sous la menace de séquestration, de tirs sur les vitrines, de passages à tabac… C’est une réalité complexe, où les dépôts de plainte sont rares.

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Quel est le profil des individus chargés de menacer ainsi les commerçants ?

Comme pour la sécurisation des points de deal ou désormais la réalisation d’homicides, les intimidations et les extorsions relèvent souvent de la sous-traitance, avec des « contrats de travail » très ponctuels de délinquants à qui les groupes criminels passent commande. Par le passé, il y avait une forme de verticalité (le chef, les lieutenants, les hommes de main), mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est extrêmement inquiétant, avec l’utilisation de mineurs sans aucune conscience des conséquences de leurs actes, venant de régions parfois très éloignées. C’est devenu un phénomène de masse, une préoccupation majeure qui va au-delà de la seule réponse judiciaire. A peine 25 % des mineurs confiés à la protection judiciaire de la jeunesse impliqués dans les trafics de stupéfiants sont inscrits dans un établissement scolaire.

Cette bascule est également quantitative, au vu du nombre d’individus impliqués et des enjeux financiers…

Les infractions en lien avec les trafics de stupéfiants (qui comprennent donc les violences, les extorsions…) peuvent concerner dans certains quartiers de détention 40 % des détenus. C’est un phénomène de masse, avec plus de 750 détenus relevant de la délinquance organisée pour le ressort de Marseille, mais qui concerne bien d’autres ressorts, comme Nice, Toulon… L’organisation judiciaire doit être revue au regard de l’embolie générée par ces flux et par l’évolution de leur gravité.

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