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Livre. « La morale catholique favorise-t-elle la violence sexuelle ? », se demande Matthieu Poupart dans le sous-titre du Silence de l’agneau (Seuil, 176 pages, 19 euros), qui ambitionne de répondre à cette question sous-estimée par les responsables de l’institution ecclésiale. Ce catholique de 33 ans, guide-conférencier en histoire religieuse, s’est progressivement saisi de ce sujet après avoir entendu des récits de victimes.

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Fondateur du collectif Agir pour notre Eglise, il fut membre de l’un des groupes de travail mandatés par l’Eglise de France, en 2022, pour réfléchir aux suites à donner à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, aux côtés de différents experts (en sciences humaines et sociales, en psychiatrie, en théologie…). Ce livre est, en partie, le fruit de leurs réflexions, dont certaines, portant sur le « versant moral et culturel » de l’analyse des causes des violences sexuelles, ont suscité une « vive méfiance » des évêques. Cette « réception peu concluante (…) devait malheureusement entraîner pour moi une prise de distance avec l’épiscopat ». Cela l’a incité à prendre la plume et à « faire un travail de médiation à destination des fidèles ».

Dévoiement des textes

Remarquable de pédagogie et de synthèse, ce court ouvrage plonge dans plusieurs siècles de morale sexuelle catholique, afin de comprendre comment celle-ci a pu entraver la prévention des agressions, la sanction des prédateurs et, plus encore, l’écoute des victimes. De l’Ancien Testament aux manuels catholiques français contemporains, d’Augustin d’Hippone au Padreblog (site ultraconservateur spécialisé dans la vulgarisation biblique), en passant par Thomas d’Aquin et Jean Paul II, Matthieu Poupart montre comment s’est construit un discours accusant les victimes de ne pas avoir su préserver leur vertu ni « protéger » leurs agresseurs de leurs « faiblesses ». Ce discours a été aveugle aux mécanismes d’emprise et aux abus de pouvoir, érigeant l’homosexualité ou la masturbation en des vices au moins aussi répréhensibles que le viol, terme que certaines figures catholiques sont même « incapables de prononcer », surtout s’il est conjugal.

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Matthieu Poupart dénonce un dévoiement des textes sacrés et de la tradition chrétienne, qui contiennent, selon lui, des « trésors » pour comprendre les mécanismes menant à la violence sexuelle, dont la « pastorale contemporaine semble tirer peu de profit » : des mythes bibliques d’Abraham – suscitant la colère divine après avoir marchandé son épouse – ou de Tamar – fille du roi David, dont le viol entraîne le chaos – à la légende de la martyre Lucie de Syracuse, qui affirme qu’un viol ne souille pas la victime, mais l’agresseur.

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