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Histoires Web mercredi, novembre 27
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La personnalité ambiguë de la photographe préférée d’Hitler, une épopée romantique en Asie au siècle passé, une comédie sociale sur deux frères désaccordés, un film de genre au féminin où des taureaux jouent les loups-garous… Les films à l’affiche cette semaine relèvent d’une grande variété de styles.

A ne pas manquer

« Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres » : une féministe hitlérienne

De son vivant, Leni Riefenstahl (1902-2003), réalisatrice du Triomphe de la vérité (1935) et des Dieux du stade (1936), a refusé qu’Hollywood fasse d’elle un biopic. Plusieurs s’y seront essayés avant de renoncer : Jodie Foster, Steven Soderbergh, Paul Verhoeven. Beaucoup de scénaristes s’y seront cassé les dents. L’empathie serait compliquée ; le jugement, inintéressant. Et que montrer ? La femme libre, réalisatrice pionnière, qui s’imposa dans un monde d’hommes ? La cinéaste qui avait les faveurs d’Hitler, contribua à façonner le surhomme et arma esthétiquement le IIIe Reich ? Ou la repentante qui passa l’après-guerre à réécrire son histoire et à mentir, arguant de son ignorance de ce qu’était en train de commettre le régime hitlérien ? Pour répondre à ces questions, il faudra désormais compter avec le documentaire d’Andres Veiel, qui a consulté pour ce faire quelque 700 caisses d’archives conservées par le compagnon de la cinéaste. Colossal travail d’archives et de montage, le documentaire d’Andres Veiel se montre parcimonieux en voix off et ne nous dit jamais quoi penser. Livrer un verdict n’est pas son souci principal, et c’est là tout son prix. Il est agréable pour le spectateur, ce sentiment qui ne choisit pas entre l’horrible et le fascinant, le monstre et la féministe. Dès lors, la place nous est donnée de réfléchir : à la beauté qui peut aveugler et servir de prétexte à l’immoralité, comme à ce regard de femme qui colonise tout ce qu’il regarde. M. Jo.

Documentaire allemand d’Andres Veiel (1 h 55).

« Grand Tour » : double travelogue conceptuel en Asie

1918. Edward Abbott, un jeune fonctionnaire britannique en poste à Rangoun, apprend que Molly, à qui il est fiancé depuis huit ans, prévoit de le rejoindre. Il décide de partir, entamant un périple qui le mènera de la Birmanie à la Chine, en passant par les Philippines, le Japon et le Vietnam. La jeune femme, refusant de croire qu’il s’est enfui pour échapper au mariage, part à sa recherche en suivant méticuleusement ses traces dans les endroits où celui-ci est passé. Chaque trajet est ponctué, pour les deux Occidentaux, de rencontres imprévues. Sans pouvoir faire le tour d’une expérience formelle et sensible qui n’a pas de véritable équivalent au cinéma aujourd’hui, précisons que, à l’origine du film, il y a des images documentaires prises par le réalisateur Miguel Gomes et son équipe lors d’un périple en Asie du Sud-Est, des plans sans scénario préconçu et un tournage interrompu par la pandémie de Covid-19. A l’arrivée, la redistribution discursive d’un matériau dès lors mis au service d’une narration originale. A moins que ce ne soit le contraire, c’est-à-dire la recomposition d’une trame romanesque s’adaptant aux images préexistantes. Il s’agit en tout état de cause d’un récit tragi-comique, picaresque et épique, tout autant qu’un mélange de sensations, un trip géographique et mental, un puzzle conceptuel. J-F. R.

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