Boualem Sansal, 80 ans, écrivain renommé en France et à l’étranger, est depuis mardi 26 novembre accusé d’« atteinte à l’intégrité du territoire national » en Algérie. Une accusation assimilée à un acte de « terrorisme », selon l’article 87 bis du code pénal algérien, qui pourrait lui valoir une condamnation à la perpétuité, voire à la peine de mort – bien qu’aucune exécution capitale n’ait eu lieu en Algérie depuis 1993.
Cinq jours après son arrestation à l’aéroport d’Alger, le samedi 16 novembre, l’auteur franco-algérien a été transféré dans une annexe de l’hôpital Mustapha-Pacha de la capitale. Selon une source judiciaire, Boualem Sansal a fait appel de son placement sous mandat de dépôt par le procureur spécialisé dans les dossiers de sûreté de l’Etat du tribunal de Dar El-Beïda, dans la banlieue d’Alger.
La lourdeur de l’accusation a suscité de multiples réactions. Son avocat, François Zimeray, a estimé que « la privation de liberté d’un écrivain de 80 ans à raison de ses écrits est un acte grave. (…) S’il doit y avoir enquête, celle-ci ne justifie nullement que soit prolongée la détention de Boualem Sansal. »
« Les services de l’Etat sont pleinement mobilisés »
Le monde intellectuel a aussitôt exprimé sa stupeur. Plusieurs Prix Nobel de littérature, tels que Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk ou Annie Ernaux, et des écrivains de renommée mondiale, comme Salman Rushdie et Roberto Saviano, ont demandé la « libération immédiate » de l’auteur franco-algérien. L’académicien Jean-Christophe Rufin a annoncé avoir proposé un « vote d’urgence » pour élire Boualem Sansal parmi les Immortels.
Dans la classe politique française, la droite a été la plus prompte à réagir. « La défense de la liberté n’a pas de couleur politique. La protection d’un concitoyen, détenu arbitrairement pour des motifs fallacieux, doit faire réagir toute la classe politique, a par exemple insisté sur X David Lisnard (Les Républicains, LR), le maire de Cannes. Il est urgent que la France fasse enfin entendre sa voix avec fermeté. Liberté pour Boualem Sansal. »
Le maire du Havre (Horizons), Edouard Philippe, l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, le député Union des droites pour la République Eric Ciotti, la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée, Marine Le Pen, ou le président de Reconquête, Eric Zemmour, ont eux aussi dénoncé « l’arrestation arbitraire » de l’écrivain.
A gauche, des personnalités comme le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, le président du groupe PS à l’Assemblée, Boris Vallaud, ou le député Alexis Corbière, ex-LFI, appelaient à sa libération.
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