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Histoires Web mercredi, novembre 27
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Des chasubles colorées, des ballons et, au fond, les habitations populaires du 18e arrondissement parisien. Un timide soleil irise le carré du panier, pendant que Mathilde, Amélia et Naomi échauffent leurs poignets. Chaque mercredi soir et samedi matin, sur le terrain du square Marcel-Sembat, ces apprenties basketteuses s’entraînent à défendre, attaquer et marquer. Depuis 2021, à Paris, à Saint-Ouen et à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le collectif Comxte Club (prononcer « comète club ») propose deux entraînements hebdomadaires de basket-ball 100 % féminins, encadrés par deux coachs femmes. « La non-mixité garantit un endroit où les femmes peuvent se sentir en sécurité et rester elles-mêmes », assure Marion Barthelat, trésorière du club. Carole Cicciu, la fondatrice, ajoute : « On n’est pas là que pour nous divertir en jouant au basket : notre but, c’est de progresser. » Ainsi, à deux pas des puces de Saint-Ouen, on apprend ce samedi à construire des combinaisons, à bien dribbler… et qu’importe si les niveaux diffèrent. Sur les réseaux sociaux, un mot d’ordre fait loi : « Un terrain à soi. »

Selon le centre Hubertine-Auclert, un organisme associé à la région Ile-de-France dans la lutte contre les discriminations de genre, 95 % des « city stades » sont aujourd’hui occupés par des hommes. « Je me suis donc demandé ce qu’il se passait si, à la même heure, chaque semaine, des femmes se réunissaient sur un terrain », poursuit Carole Cicciu. Verdict : seulement trois accrochages en trois ans. « Le premier printemps, à Saint-Ouen, des garçons ados ne voulaient pas laisser le terrain. Pourtant, un papier de la mairie indiquait notre créneau du mercredi soir. » Dialogue de sourds, le ton monte vite, se souvient la fondatrice du Comxte Club. « Ils nous ont proposé d’appeler l’élu aux sports pour prouver nos dires. » Hasard total, ce dernier se trouve à proximité et débarque sur le terrain. « Lorsque les ados ont vu l’élu arriver au loin, ils ont détalé, raconte Carole Cicciu dans un sourire. La fois suivante et depuis, avec ces jeunes, on se salue comme si de rien n’était. »

Avec 45 adhérentes, le club a doublé son nombre de pratiquantes en une saison. Parmi les nouvelles venues, Amélia, 32 ans, qui avait déjà joué au Paris Gazelles, une autre structure qui s’inscrit dans une démarche similaire. « Cest important que les petites filles et les petits garçons ne s’étonnent pas de voir des femmes pratiquer dans les espaces publics », développe cette responsable d’une maison d’édition pour enfants. « Nos coéquipières ont le souvenir de ne pas avoir été sélectionnées dans les équipes, à l’école », développe Marion, la trésorière, qui ne s’est elle-même jamais sentie à sa place sur un city stade. « Toutes les fois où des garçons ont occupé l’espace et que j’ai voulu y jouer, je n’osais juste pas. »

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