Ne pas ajouter une crise européenne à une crise française. En plein débat politique houleux à Paris, la Commission européenne a décidé, mardi 26 novembre, d’apporter son soutien au projet budgétaire défendu par le gouvernement de Michel Barnier, dans le cadre de son examen de l’ensemble des budgets des Vingt-sept. Bruxelles a également donné un satisfecit à la trajectoire de désendettement française, présentée dans le cadre du nouveau pacte de stabilité, rénové au printemps 2024. Une indulgence marquante, alors même que les premières étapes prévues par Michel Barnier pour redresser les comptes publics sont, en France, jugées de moins en moins vraisemblables.
L’exécutif européen considère « crédible » le plan de moyen terme présenté par le premier ministre pour les sept ans à venir, et accepte que, compte tenu des difficultés françaises actuelles, l’objectif de ramener le déficit sous le seuil des 3 % du produit intérieur brut (PIB) soit repoussé de 2027 à 2029.
Selon le document transmis par la France le 31 octobre, le déficit de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale, attendu à 6,1 % du PIB cette année, redescendrait progressivement, pour tomber à 2,8 % en 2029, respectant alors enfin les règles européennes. Dans le même temps, la dette publique française continuerait, elle, à monter, passant de 112,9 % du PIB cette année à 115,8 % en 2029. Là aussi très loin du plafond de 60 % prévu par les traités européens.
« Conformes aux recommandations »
Comme pour sept autres pays, dont l’Italie ou la Grèce, l’exécutif communautaire considère les plans présentés par la France « conformes aux recommandations, car leurs dépenses nettes devraient se situer à l’intérieur des plafonds ». La Commission a, en revanche, repoussé son jugement concernant les Pays-Bas, l’un des pays les plus frugaux au niveau européen, qui respecte déjà les 3 % de déficit comme les 60 % de dette…
Dans sa copie remise à Bruxelles, la France projette de réaliser un effort budgétaire de 60 milliards d’euros, sous forme de réductions de dépenses et d’impôts nouveaux, et promet de réduire le déficit à 5 % du PIB en 2025. « Sur le papier, ces objectifs sont parfaits et dans les clous, confie un diplomate européen. Il va falloir voir la réalité, car jusqu’à présent, la France, mais aussi d’autres pays comme l’Italie, n’ont jamais réussi à tenir leurs engagements. »
L’interrogation paraît d’autant plus justifiée qu’à Paris comme à Bruxelles, beaucoup doutent de la crédibilité des promesses officielles, et jugent déjà obsolète le plan présenté à Bruxelles il y a moins d’un mois. Selon la Commission européenne elle-même, le déficit public français risque d’atteindre plutôt 6,2 % que 6,1 % du PIB cette année. Et, pour 2025, plus personne ne croit aux 5 % de déficit promis sur le papier.
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