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Revoici Ryad Boulanouar. Dix ans après avoir bousculé le modèle bancaire classique en cofondant Nickel, un compte accessible sans conditions de revenus, dans les bureaux de tabac – un succès commercial cédé à BNP Paribas en 2017 –, l’entrepreneur lance, jeudi 21 novembre, son nouveau projet, une fintech nommée Mon ami poto, avec pour ambition d’améliorer la transparence des dons aux organisations caritatives et aux associations.

« Le marché français de la donation défiscalisée, c’est 5 milliards d’euros de dons et 10 milliards de subventions. En même temps, on ne sait plus à qui donner : on a perdu la confiance. Je veux en redonner », explique au Monde celui qui reconnaît qu’« avec ce qu’[il a] vendu, [il] pourrai[t] vivre jusqu’à 570 ans ».

Sa solution : créer une monnaie consacrée à la solidarité en l’appuyant sur la technologie de la blockchain, celle des cryptoactifs. Cette nouvelle monnaie, baptisée le « poto », vaut un euro, et chaque centime est un jeton numérique doté d’un identifiant unique permettant au donateur de suivre le parcours de son don jusqu’à son utilisation finale, et de l’orienter vers des actions spécifiques, comme la fourniture de repas ou un projet éducatif clairement identifié.

En détails | Article réservé à nos abonnés Dons et legs aux associations et fondations : quels sont les avantages fiscaux ?

Développé par une équipe de 25 personnes, le projet a reçu un agrément de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, chargée de surveiller le secteur des paiements en France, et les dons sont déposés sur un compte de cantonnement ouvert chez BNP Paribas. « Les cryptos, ça fait spéculation, blanchiment, anonymat, reconnaît le fondateur. J’ai donc essayé de nettoyer les cryptos – l’anonymat total n’est pas possible –, tout en gardant les aspects utiles de la monnaie numérique. »

« Trop verrouillé »

Les dons se font par un site Internet, Mespotos.fr, une place de marché qui permet de choisir sa cause, de l’aide aux personnes en situation précaire à la préservation des forêts en passant par le soutien aux victimes de violences conjugales. Mais aucun des plus grands bénéficiaires de dons en France : ni les Restos du cœur, ni le Secours catholique, ni Médecins sans frontières, par exemple, ce que ne regrette pas particulièrement M. Boulanouar : « Dix associations prennent la lumière des 200 qui sont derrière, c’est trop verrouillé », tranche-t-il.

Vue de la place de marché du site Mespotos.fr, avec certaines des causes proposées aux donateurs.

La soixantaine de causes réunies sur la plateforme au lancement risquent donc de se disputer les premiers dons. « Mais la concurrence existe déjà sur le terrain, c’est une réalité du financement », note Damien Baldin, directeur général de la fondation La France s’engage, l’un des partenaires du projet avec la fédération Crésus, grand acteur de l’inclusion financière, et le groupe SOS, sans oublier Nickel, qui pourra ouvrir des comptes bancaires aux bénéficiaires de dons.

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