Des scènes d’embrassades et d’émouvantes retrouvailles ont circulé sur les réseaux sociaux après que le parquet vénézuélien a confirmé, dimanche 17 novembre, la libération de 225 personnes qui avaient été arrêtées après la réélection contestée de Nicolas Maduro, le 28 juillet. L’ONG Foro Penal a certifié 131 libérations. Lundi, des dizaines de familles de détenus attendaient encore devant les quatre centres pénitentiaires du pays où ont été incarcérés les manifestants, accusés « d’association de malfaiteurs », « d’incitation à la haine », de « terrorisme » et de « trahison à la patrie ».
La cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, a réagi, samedi, en saluant, sur le réseau social X, « l’amour et le courage des familles, ainsi que le travail rigoureux des défenseurs des droits de l’homme qui ont permis [ces libérations] ». Deux jours plus tôt, un militant de son parti était mort en détention. Jesus Martinez Medina, 36 ans, avait été observateur électoral pour la coalition d’opposition, qui soutenait la candidature d’Edmundo Gonzalez à la présidentielle.
Dès l’annonce des résultats – techniquement incohérents – du scrutin du 28 juillet, les électeurs d’opposition ont été convaincus qu’il y avait eu fraude. Le lendemain, par dizaines de milliers, ils descendaient dans la rue dans tout le pays pour exiger le départ de Nicolas Maduro. Les forces de l’ordre ont arrêté plus de 2 000 manifestants en trois jours, dont plusieurs dizaines d’adolescents. D’autres opposants furent envoyés en prison dans les semaines suivantes. Fin août, Edmundo Gonzalez s’exilait en Espagne. Restée dans son pays, Maria Corina Machado vit dans la clandestinité.
Le Conseil national électoral n’a jamais fourni le détail des résultats du scrutin. L’opposition, elle, a publié sur Internet les procès-verbaux de milliers de bureaux de vote qui avaient légalement été remis aux observateurs accrédités. Ces documents confirment l’écrasante victoire de M. Gonzalez. Les Etats-Unis, l’Europe et la plupart des pays d’Amérique latine n’ont pas reconnu la victoire de M. Maduro.
« Répression sans précédent »
Selon Foro Penal, 1 976 prisonniers politiques (contre 305 avant l’élection présidentielle) étaient encore incarcérés le 14 novembre, dont 69 âgés de moins de 18 ans. « Un chiffre énorme », souligne le président de l’organisation, Alfredo Romero, en dénonçant « une répression sans précédent ». Les familles des proches, les organisations de défense des droits de l’homme et les partis d’opposition n’ont cessé de s’inquiéter des conditions de détention « inhumaines » infligées aux prisonniers.
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