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Histoires Web dimanche, novembre 17
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C’est la cohue au Frankfurter Hof. Ce mardi 15 octobre, à la veille de l’ouverture officielle de la Foire du livre de Francfort, en Allemagne, le plus grand rendez-vous de l’édition mondiale, on se bouscule au rez-de-chaussée de ce grand hôtel au lustre fané. Un verre de vin blanc à la main, un homme se fraye un chemin jusqu’au patio en essayant de ne pas accrocher son tote bag dans la foule. Une femme, l’air perdu, salue de loin des collègues tout en essayant d’approcher les importants, pris dans de grandes conversations avec d’autres plus importants qui sont, eux, assis.

A la droite de l’entrée, Olivier Nora, le patron de Grasset, calé dans un canapé bleu pâle face à une table basse, est en grande conversation avec un éditeur étranger. Quelques pas plus loin, Susanna Lea, l’agente anglaise qui navigue entre ses bureaux de Paris, Londres et New York, et gère actuellement la sortie mondiale des Mémoires d’Alexeï Navalny, l’opposant russe mort en février, a elle aussi trusté une place assise avec toute son équipe.

Face à l’entrée, Vera Michalski, la présidente suisse de Groupe Libella (Buchet-Chastel, Phébus, Noir sur Blanc…), distribue des signes de tête discrets à ses connaissances. A un mètre d’elle, Andrew Wylie, le tout-puissant agent littéraire américain de Salman Rushdie, Sally Rooney, Martin Amis ou Louise Glück, domine la salle de son aura. « Si une bombe explosait ici à cet instant, il n’y aurait plus d’industrie du livre », glisse un habitué. Il n’a pas tort. Chaque automne, depuis soixante-seize ans, c’est à Francfort-sur-le-Main, cinq jours durant, que se vendent et s’achètent les livres les plus en vue, se nouent les alliances entre éditeurs internationaux, se scellent les ­destinées des best-sellers de demain.

Joachim Schnerf, éditeur chargé du domaine étranger chez Grasset, à la Foire du livre de Francfort (Allemagne), en octobre 2024.

Ici, on vend des droits (de traduction, de publication, d’adaptation), mais sur les 37 000 mètres carrés du site de la foire, au sein des six immenses halls gris au cœur de la ville où 4 000 exposants venus de 95 pays ­présentent leur production, difficile d’acheter un livre. Les exemplaires qui décorent les stands sont en grande majorité des modèles d’exposition. Les écrivains, eux, sont largement découragés de participer. Tous les professionnels s’accordent d’ailleurs sur un point : Francfort, c’est d’abord pour le B to B (business to business). Pas un endroit pour les auteurs. Il existe néanmoins quelques exceptions à la règle.

Ce mardi soir, au Frankfurter Hof, l’Anglais Ken Follett, seul auteur international à venir chaque année, se ressert un verre de champagne à une table près du bar, entouré de son clan, constitué en petite entreprise, The Follett Office. D’autres écrivains sont également de passage en ville pour des événements divers : l’Américaine Siri Hustvedt, pour une soirée à la mémoire de son mari, Paul Auster, mort en avril, la Turque Elif Shafak, pour le discours inaugural de la cérémonie d’ouverture (où elle a insisté sur le rôle de « résistance » de la littérature dans le monde actuel), l’Israélien Yuval Noah Harari, auteur superstar de Sapiens, venu présenter au monde son dernier livre, Nexus

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