L’enjeu était tout simplement la possible explosion du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), créé en 1984, aux premiers jours de la quasi-guerre civile des années 1980 en Nouvelle-Calédonie, pour porter la revendication indépendantiste du peuple kanak. Elle semble avoir été évitée, mais l’unité apparaît clairement fragilisée, quelques mois après l’insurrection du 13 mai qui a propulsé une nouvelle génération de militants radicaux sur le devant de la scène.
Deux piliers du mouvement classés parmi les modérés, le Parti de libération kanak (Palika) et l’Union progressiste en Mélanésie (UPM), ont choisi, lors de leurs derniers congrès respectifs du week-end des 9 et 10 novembre, de se retirer de l’organisation du Front. Les militants ont ainsi décidé de ne plus désigner de représentants au sein du bureau politique, l’instance dirigeante du FLNKS. Ils ont néanmoins acté le fait de ne pas en sortir, se réservant la possibilité de participer aux prochains congrès du Front en fonction des sujets. Une posture nuancée qui reflète leur volonté de préserver les équilibres internes, tout en exposant les profondes divergences qui traversent le mouvement.
Les dissensions s’expriment particulièrement depuis que l’Union calédonienne (UC), principale composante du FLNKS, a lancé, fin 2023, la « cellule de coordination des actions de terrain », dans la mobilisation contre la réforme électorale, le sujet qui a allumé la mèche le 13 mai, après des mois de manifestations pacifiques. Les violences, en détruisant les acquis de plusieurs décennies de paix, ont été vigoureusement dénoncées par les figures du Palika comme Louis Mapou, le chef du gouvernement collégial en place à Nouméa, ou Paul Néaoutyine, le président de la province Nord. Depuis, leurs deux institutions sont dans la ligne de mire des radicaux et deux lignes s’affrontent, les premiers appelant au calme pour négocier un accord politique sur l’autodétermination, les seconds voulant maintenir la pression du terrain pour mieux négocier une indépendance dès 2025.
« Parfois nous serons ensemble, parfois non »
En demeurant membres du FLNKS, le Palika et l’UPM ne compromettent pas le principe fondamental de l’unité, mais leur mise en retrait pourrait compliquer les discussions que l’Etat espère relancer sur le futur statut du territoire. « Parfois nous serons ensemble, parfois non », a expliqué, vendredi 15 novembre, Charles Washetine, le porte-parole du Palika, lors d’une conférence de presse.
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