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Histoires Web jeudi, novembre 14
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Qu’elle était périlleuse, cette audience. Qu’elle était inconfortable, la position de Jeff T., l’un des rares collègues de Samuel Paty à s’être « désolidarisé » du professeur quelques jours avant sa mort. Comment assumer la « position de principe » qu’il avait eue il y a quatre ans sans donner l’impression de critiquer Samuel Paty au procès de son assassinat ? Comment restituer un « débat pédagogique » entre deux professeurs d’histoire quand l’un a fini décapité ?

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Il le savait, Jeff T., en s’approchant de la barre des témoins de la cour d’assises spéciale de Paris, mercredi 13 novembre, qu’il lui serait impossible de sortir de ce « piège », comme il dit. Il n’a jamais pris la parole depuis quatre ans, et il ne la prendra plus. « Si je parle aujourd’hui, c’est que je n’ai pas le choix, précise-t-il d’emblée. L’islamisme cherche à semer la confusion, à nous faire perdre nos valeurs. Il est hors de question qu’un argument venant de moi aille dans ce sens. »

Pour comprendre l’origine de la controverse qui s’est invitée dans la salle des profs du collège du Bois-d’Aulne (Yvelines), il faut remonter au 5 octobre 2020, onze jours avant l’attentat. Ce jour-là, Samuel Paty a donné un cours sur la liberté d’expression devant une classe de 4e. Profitant de la présence d’une auxiliaire de vie scolaire, il avait proposé aux élèves qui le souhaitaient de sortir dans le couloir le temps de la projection de caricatures du prophète Mahomet.

« Je n’ai pas changé d’avis »

Le cours n’avait pas suscité de troubles majeurs, mais une mère d’élève s’était tout de même émue auprès de la principale du collège du fait que sa fille se soit sentie « discriminée ». Le lendemain, Samuel Paty donne le même cours devant une autre classe de 4e, celle de Z., la collégienne par qui le drame est arrivé : il propose cette fois aux élèves qui le souhaitent de détourner le regard. Mais Z., qui était absente ce jour-là, a nourri son mensonge du cours donné la veille, affirmant à ses parents avoir été exclue pour avoir refusé de quitter la salle.

Le 8 octobre, Brahim Chnina, le père de la collégienne, et un activiste islamiste, Abdelhakim Sefrioui, s’invitent dans le bureau de la principale et réclament le renvoi du professeur. Le lendemain, la principale rencontre les quatre professeurs d’histoire du collège pour évoquer les remous créés par le cours de M. Paty, auquel elle apporte son soutien. Et c’est le 10 octobre que Jeff T. fait part de son désaccord dans un mail envoyé à plusieurs enseignants : il y explique qu’il se « désolidarise » de Samuel Paty, qui a selon lui « desservi la cause de la liberté d’expression » et commis un « acte de discrimination ».

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