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Pour les pays africains producteurs de pétrole et de gaz, c’est un chantier en forme de manifeste. Une banque africaine de l’énergie, dotée d’un capital de 5 milliards de dollars (4,71 milliards d’euros), doit voir le jour d’ici à janvier 2025 avec une priorité : le financement de projets autour de ces combustibles fossiles, décriés pour leur rôle dans le changement climatique et qui peinent à attirer les capitaux.

L’établissement, qui aura son siège à Abuja, au Nigeria, est le fruit d’un partenariat entre la banque panafricaine Afreximbank et l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO). « L’objectif est de bâtir une autonomie financière pour développer ce secteur stratégique pour nos économies et ne plus dépendre des investisseurs occidentaux », souligne Zakaria Dosso, le directeur général de l’Africa Energy Investment Corporation, la branche d’investissement de l’APPO.

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L’ensemble des projets énergétiques sur le continent sont aujourd’hui sous-financés. Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie de 2023, l’Afrique représente 20 % de la population mondiale, mais ne capte que 3 % des investissements dans l’énergie. Une situation liée notamment à la perception du risque, jugé élevé, et qui alourdit le coût du capital.

« Exploiter chaque goutte d’hydrocarbure possible »

Les énergies renouvelables sont particulièrement pénalisées. Mais l’industrie pétrolière et gazière du continent se heurte, elle aussi, à la frilosité grandissante de ses bailleurs traditionnels. Du côté des institutions multilatérales, la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement ont cessé de financer l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz, au nom de la transition énergétique. Sous la pression des organisations de défense de l’environnement, le secteur bancaire privé est également moins enclin à se lancer dans des projets liés aux énergies les plus polluantes.

Exemple : l’an dernier, au terme d’un long suspense, la banque britannique Standard Chartered, très engagée en Afrique, a annoncé qu’elle ne soutiendrait pas l’oléoduc est-africain Eacop de TotalEnergies, qui doit traverser l’Ouganda et la Tanzanie. Selon la campagne Stop Eacop, une quarantaine de banques et d’assureurs, dont Citi, HSBC ou Axa, ont refusé de s’associer à ce mégaprojet pétrolier, critiqué pour son impact environnemental et social.

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Pour les pays producteurs et les lobbyistes du secteur, les appels à se détourner des ressources fossiles au profit des énergies vertes relèvent de l’« hypocrisie » alors que l’Europe continue d’importer du gaz, du pétrole et du charbon africains pour sa propre consommation.

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