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En 2018, Bernard Doroszczuk est interrogé par une commission parlementaire : « Comment ferez-vous pour que les enjeux de sûreté soient pris en compte quand il faudra choisir quatorze réacteurs à mettre à l’arrêt ? », lui demande-t-on, en substance. En 2023, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est entendu par la même instance : « Si l’ambition du président Emmanuel Macron de construire quatorze nouveaux réacteurs est suivie d’effets, comment ferez-vous pour imposer les enjeux de sûreté ? », l’interroge-t-on alors.

Au moment de quitter le gendarme français du nucléaire, Bernard Doroszczuk dresse le bilan d’un mandat « renversant » au regard du changement d’orientation radical concernant l’avenir de la filière nucléaire, qui s’est opéré en quelques années. Alors que la feuille de route énergétique de la France adoptée en 2020 prévoyait de fermer quatorze réacteurs avant 2035, la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie, mise en consultation le 4 novembre, confirme un programme de construction de six nouveaux réacteurs, et d’éventuellement huit de plus dans un second temps.

Remplacé à la présidence de l’ASN à compter du mercredi 13 novembre par Pierre-Marie Abadie, M. Doroszczuk réitère son appel aux responsables politiques à faire preuve d’une « anticipation considérable » et, « si possible, d’une vision stable » concernant l’avenir du système énergétique. « Jusqu’à l’horizon 2040, nous avons un parc qui sera [globalement] stable, explique-t-il. En revanche, après 2050, la question de la mise à l’arrêt des réacteurs les plus anciens [32 réacteurs de 900 mégawatts], qui auront plus de 60 ans et représentent une puissance installée considérable, se posera vraiment. Il faut absolument qu’à cet horizon la politique énergétique soit définie. » L’enjeu est de ne pas avoir à faire d’arbitrages au détriment de la sûreté – par exemple en poussant à prolonger encore la durée de vie de réacteurs existants – faute de capacités suffisantes de production d’électricité bas carbone à cette échéance.

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Outre le lancement du nouveau programme nucléaire, Pierre-Marie Abadie, qui était jusqu’ici directeur général de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), aura un autre dossier urgent à prendre en main : celui de la fusion controversée de l’ASN et de son bras technique, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2025. Nommé officiellement par Emmanuel Macron, par un décret paru le 6 novembre, M. Abadie deviendra le premier président de la nouvelle Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).

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