Les compagnies aériennes et les gestionnaires d’aéroports ne décolèrent pas contre la volonté du gouvernement de tripler la taxe sur les billets d’avion (TSBA). Pour boucler son budget, le gouvernement s’est fixé comme objectif de récupérer, en 2025, 1 milliard d’euros, dont 850 millions auprès des compagnies régulières et 150 millions sur l’aviation d’affaires. « Nous demandons l’annulation de la hausse », il faut que « le gouvernement revoit sa copie », s’est exclamé, mardi 12 novembre, Pascal de Izaguirre, président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM).
Pour appuyer leur revendication, les compagnies ont présenté une étude du cabinet Deloitte qui démontrerait que le triplement de la TSBA serait « contre-productif », a précisé le patron de la FNAM. Compagnies et aéroports invitent surtout le gouvernement à ne pas fragiliser le transport aérien. Un secteur qui pèse lourd dans l’économie, près de deux points du produit intérieur brut (PIB) et 567 946 emplois directs, indirects et induits. Selon l’étude de Deloitte, commandée plusieurs mois avant que le gouvernement n’envisage d’augmenter la TSBA, le transport aérien génère, à lui seul, 37 % des recettes des touristes internationaux en France, soit 23 milliards d’euros. Il apporte aussi à l’Etat 12 milliards d’euros par an de recettes fiscales.
Surtout, font remarquer les compagnies aériennes, le triplement de la taxe pourrait entraîner « une diminution de trafic en 2025 de 2 % en moyenne sur l’ensemble du territoire, et bien au-delà sur certains aéroports ». Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français (UAF), redoute que les compagnies étrangères, notamment les low cost, telles Ryanair, easyJet, Vueling, Wizz Air ou encore Volotea, ferment des lignes en France pour en ouvrir d’autres hors des frontières. Plus encore, la FNAM et l’UAF assurent que la hausse de la taxe provoquera des destructions d’emplois. Selon elles, au moins 11 500 suppressions de postes, auxquelles s’ajoutera une perte fiscale de 500 millions d’euros pour l’Etat. Enfin, elles avertissent que l’augmentation de la TSBA fera de « la France le pays taxant le plus son transport aérien au sein de l’Union européenne, avec l’Allemagne ».
« Un juste rattrapage »
A rebours des compagnies aériennes, les ONG de défense de l’environnement saluent le triplement de la taxe sur les billets d’avion. « Un bon outil, contrairement à ce que dit l’industrie », plaide Alexis Chailloux, responsable transports pour le Réseau Action Climat (RAC). Lorsque « les Pays-Bas, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont augmenté leurs taxes, cela a favorisé le pavillon français », argue-t-il.
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