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Histoires Web jeudi, novembre 14
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L’émergence progressive du sionisme, en tant que mouvement prônant le rassemblement du peuple juif sur la terre d’Israël, a été particulièrement complexe. En effet, c’est d’abord le courant évangélique du protestantisme anglo-saxon qui, à partir du milieu du XIXe siècle, a prôné une forme de sionisme chrétien, selon laquelle l’accomplissement des prophéties bibliques dépend de la « restauration » du peuple juif sur la Terre sainte. Ce n’est qu’à partir de 1882 que les « Amants de Sion » et d’autres groupes de militants juifs de l’Empire russe organisent, en réaction à la vague de pogroms antisémites, une première vague d’émigration vers la Palestine ottomane.

C’est par le terme hébreu d’alya qu’est désignée cette « ascension » vers Eretz Israel, la « terre d’Israël ». Les autorités ottomanes évaluent alors la population de Palestine à 465 000 habitants, dont 405 000 musulmans, 45 000 chrétiens et 15 000 juifs. Ces statistiques, établies à des fins fiscales, ne prennent en compte ni les Bédouins, ni les quelque 9 000 juifs de nationalité étrangère, ou bénéficiant de la protection d’un consulat européen à Jérusalem.

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Des pionniers trop méconnus

Cette première alya a trop souvent été négligée, car elle anticipe sur la conceptualisation du terme « sionisme » (en 1890, par Nathan Birnbaum) et sur la fondation officielle du mouvement sioniste (en 1897, à Bâle, à l’initiative de Theodor Herzl). Elle est en outre marquée par le caractère hétérogène des mouvements, souvent concurrents, qui la composent : les « Amants de Sion », dirigés depuis Odessa, qui tentent de détourner vers la Palestine une partie, même limitée, du flux massif d’émigration juive vers les Etats-Unis ; le Bilu, animé depuis Kharkiv et désigné par l’acronyme hébreu de « maison de Jacob, allez et nous irons » ; les « Fils de Moïse », disciples d’Asher Guinzbourg, né près de Kiev, qui choisit d’hébraïser son nom en Ahad Haam, soit « un du peuple ». La dimension ukrainienne de cette première alya est fondamentale, ainsi que sa détermination à transformer l’hébreu de langue religieuse en langue nationale.

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Le volontarisme d’une telle hébraïsation est porté par le slogan énoncé depuis Jérusalem par Eliezer Ben Yehouda : « Un seul peuple, une seule terre, une seule langue ». Ce triptyque se fait l’écho des différents nationalismes européens, en posant un lien indéfectible entre le peuple juif, la terre d’Israël et l’hébreu moderne. Mais les pionniers de cette première alya, eux-mêmes divisés, doivent affronter l’hostilité des communautés juives installées de longue date en Palestine et vouées à l’étude et à la prière dans les écoles rabbiniques de Jérusalem, d’Hébron, de Safed et de Tibériade.

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