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Histoires Web vendredi, novembre 8
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Le quartier de la porte d’Aix est en plein réaména­gement. A l’arrière de l’arc de triomphe qui marque l’entrée du centre de Marseille, la façade immaculée de l’Institut méditerranéen de la ville et des territoires, inauguré en octobre 2023, brille au soleil. Symbole d’une rénovation qui entend dessiner l’urbanisme d’une métropole du XXIe siècle. A l’arrière du bâtiment, l’ambiance change. Caché des regards, un groupe d’hommes et de femmes squatte des escaliers flambant neufs.

Ce large passage est l’une des nouvelles zones de consommation de drogue à ciel ouvert apparues ces derniers mois au cœur de Marseille. Ici, assis ou allongé sur les marches, on fume principalement de la cocaïne, préalablement préparée avec de l’ammoniaque, que les épiciers du centre-ville vendent à 5 euros la bouteille. Du crack ­artisanal, des « galettes » de « coke basée », dans le jargon local des utilisateurs. On s’en injecte aussi, comme le montrent les seringues que Romain Prod’homme, Florent Grénot et Luc Fabre récoltent du bout de leurs pinces vertes. Short, baskets, en tee-shirt ou maillot de l’OM, ces trentenaires qui compilent plusieurs années d’expérience dans le domaine de la réduction des risques assurent une des maraudes du Bus 31/32, structure historique de support aux usagers de drogue à Marseille.

Cet article est tiré du « Hors-Série Le Monde – Les narcotrafiquants : leurs réseaux, leurs crimes, la riposte », novembre-décembre 2024, en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.

Trois fois par semaine, comme d’autres associations, ils sortent à la rencontre des réalités de la rue, saluent les habitués par leur prénom – tous ont été changés dans l’article –, prennent des nouvelles de leur santé, les orientent en cas de problème aigu. Aux nouveaux visages, comme Ahmid, jeune homme habillé sportswear qui s’apprête à fumer son crack dans une cour discrète au pied du conseil régional, ils expliquent leur rôle, amorcent un dialogue. A tous, ils distribuent du matériel neuf, pour tenter de réduire les risques de contamination : pipes en verre, embouts en plastique, filtres pour éviter d’inhaler le pire de la préparation, seringues pour les « injecteurs »… « On propose aussi du bicarbonate pour qu’ils arrêtent d’utiliser l’ammoniaque, qui entraîne de multiples complications pulmonaires », explique Florent Grénot. Un produit de substitution, moins nocif mais plus délicat à utiliser sur un bout de trottoir, qui séduit peu.

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