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Histoires Web jeudi, novembre 7
Bulletin

Benjamin Haddad (Renaissance) est le ministre délégué aux affaires européennes dans le gouvernement de Michel Barnier. Il tire les conséquences pour l’Europe du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Comment réagissez-vous à l’élection de Donald Trump ?

Les Etats-Unis sont nos alliés. Nous respectons le choix souverain et démocratique de la population américaine. Nous travaillerons avec le président Trump, comme le président Macron l’a fait lors de son premier mandat. Ils ont d’ailleurs eu un échange substantiel sur l’Ukraine et le Moyen-Orient dès le lendemain de l’élection.

La vraie question est chez nous. Cela doit être l’heure du réveil stratégique des
Européens, pour ne plus être dépendants, tous les quatre ans, des soubresauts politiques outre-Atlantique. C’est la meilleure façon de prendre en main notre destin, mais aussi de réinventer la relation transatlantique. Si nous voulons peser, il faut investir collectivement dans notre souveraineté sur le plan économique et militaire, ne plus sous-traiter notre sécurité aux autres. Le sommet de la Communauté politique européenne, ce jeudi à Budapest, est l’occasion d’échanger avec nos partenaires européens.

Quel sens cela peut-il avoir sur le plan de la sécurité du continent ?

Cela veut dire d’abord, continuer à augmenter nos budgets militaires et soutenir une industrie de défense européenne autonome. Nous avons doublé nos dépenses en France lors des deux mandats du président de la République. Nous avons déjà des outils, mais nous devons aussi aller plus loin dans les coopérations européennes. Il faut être audacieux pour trouver de nouvelles ressources, comme le préconisait par exemple l’ancienne première ministre estonienne, Kaja Kallas, quand elle proposait un grand emprunt européen de 100 milliards d’euros.

Au-delà du plan militaire, réduisons nos dépendances sur le plan industriel,
technologique, énergétique. Nous le disons depuis le discours de la Sorbonne. Le signal d’alarme a été tiré à nouveau par le rapport Draghi sur le décrochage industriel du continent dû à la chute de notre productivité. Depuis trente ans, les Etats-Unis ont créé deux fois plus de PIB que l’Europe. Ce décalage est particulièrement visible dans des secteurs stratégiques pour notre souveraineté comme l’intelligence artificielle, où les États-Unis captent 60 % des investissements mondiaux, la Chine 17 %, et l’Europe seulement 6 %. Unification des marchés de capitaux, soutien aux innovations de rupture, réformes des règles de concurrence, mobilisation de l’investissement public et privé… Et sachons regarder ce qui marche aux Etats-Unis où l’on innove, on encourage les entrepreneurs, avant de se précipiter pour réguler les nouvelles technologies…

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