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Les faits sont désormais bien établis, par les associations de terrain comme par les recherches en sciences humaines et sociales sur les rapports de genre, et le procès des viols de Mazan est l’occasion de le rappeler : la grande majorité des viols sont commis par des hommes adultes connus de la victime, et tous les milieux sociaux sont concernés.

Ces violences sont, en outre, naturalisées et normalisées par les représentations dominantes de la virilité et de l’hétérosexualité. Dans la culture populaire comme dans la culture légitime, la contrainte sexuelle des femmes par les hommes est en effet volontiers présentée comme désirable : loin d’être seulement l’apanage de la pornographie ou de la dark romance, ces scénarios se retrouvent également dans le cinéma d’auteur et dans les dessins animés pour enfants.

La violence sexuelle n’est pas explicable par une seule source d’influence culturelle que l’on pourrait isoler et censurer. La disposition des hommes à dominer et à contraindre s’inscrit dans une socialisation à la virilité hétérosexuelle, qui est elle-même favorisée par un environnement culturel patriarcal.

Production active de l’ignorance

Prendre conscience des violences de genre implique donc une transformation personnelle et collective qui passe, pour les hommes hétérosexuels, par la déconstruction et la reconstruction en profondeur de leur rapport aux femmes, aux autres hommes et à eux-mêmes.

Beaucoup d’entre eux se pensent pourtant encore au-dessus du problème. Ils seraient trop « éduqués », « adultes », « normaux » et « responsables » pour être réduits à de vulgaires « violeurs ». Reconnaître que la manière dont on a appris la virilité et l’hétérosexualité fait de soi un auteur potentiel de violences est en effet une posture inconfortable ; et le viol est, de fait, une thématique qui tend à mobiliser davantage les personnes susceptibles de le subir que les personnes susceptibles de le commettre.

La violence sexuelle ne s’explique ainsi malheureusement pas seulement par un manque d’éducation, mais aussi par un manque d’intérêt et d’engagement des hommes. Leur ignorance des savoirs féministes sur les violences sexuelles est aussi liée à la volonté de rester dans leur zone de confort, dans leur périmètre de privilèges, dans leur statut de dominant.

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Face à cette production active de l’ignorance, éduquer les hommes pour les engager dans la prévention des violences de genre est d’abord un travail de longue haleine, car les hommes ne changent pas du jour au lendemain. C’est aussi un travail complexe, car il demande de la réflexivité pédagogique afin de se positionner de manière compréhensive par rapport à des postures de déni des violences ; mais aussi un travail fastidieux et ingrat, qui est tantôt naturalisé comme un « travail de femmes », tantôt dénigré comme « castrateur » et « rabat-joie ».

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