En ce dernier week-end des vacances de la Toussaint, samedi 2 novembre, le hall d’entrée du Théâtre de la Ville, à Paris, est envahi par une foule de grands-parents avec leurs petits-enfants impatients de découvrir la nouvelle création de l’auteur et metteur en scène David Lescot, Je suis trop vert. La plupart sont déjà des fans inconditionnels du petit personnage de 6e D qu’il a inventé en 2015 pour J’ai trop peur (une commande du Théâtre de la Ville pour son parcours Enfance et jeunesse) et remis en scène en 2020 pour J’ai trop d’amis (récompensé par le Molière du spectacle jeune public en 2022).
Après avoir passé ses vacances d’été en Bretagne dans l’angoisse de son entrée en 6e (J’ai trop peur), puis avoir découvert les joies et les peines de la vie de groupe au collège (J’ai trop d’amis), le jeune héros de David Lescot (qui n’a pas de prénom contrairement à ses compagnons) fait, dans ce troisième volet, l’expérience du départ en classe verte dans une ferme bretonne. On y retrouve tous les personnages hauts en couleur sortis de l’imagination fertile du dramaturge : le garçon de 11 ans, au cœur de la trilogie ; sa petite sœur de 3 ans ; Basile, son copain de classe ; Marguerite, son amoureuse ; Clarence, son rival. S’y ajoutent ici : Valérie, 13 ans, la fille du couple de fermiers qui accueillent la classe verte ; Cameron, son frère ; Yoneck, l’étrange ami imaginaire de Valérie, à tête d’oiseau et corps humain.
Trois actrices et une boîte
La mise en scène de David Lescot est astucieusement minimaliste, avec une distribution réduite à trois actrices et un décor qui se limite à une grande boîte en bois avec des trappes qui s’ouvrent et se ferment. Le tout repose sur un sens de la transformation assez impressionnant. Seule une des trois interprètes incarne uniquement le héros principal, les deux autres se partagent tous les autres rôles, passant de l’un à l’autre avec une rapidité étonnante et un talent indéniable. De même, la boîte centrale se métamorphose, au fil du spectacle, en salle de classe, en bus scolaire, en dortoir, en étable, en poulailler, en champ à cultiver, et en une multitude d’autres lieux, grâce au pouvoir de l’imagination du public.
Sans jamais se prendre trop au sérieux et se lancer dans un discours bêtifiant ou moralisateur à destination de son jeune public, David Lescot fait passer quand même quelques messages, en filigrane derrière des situations souvent pleines d’humour. Face aux mésaventures en tout genre que traverse cet élève de 6e D, digne héritier du Petit Nicolas, et ses compagnons d’infortune (notamment Basile, un savant mélange entre Alceste et Clotaire, deux des copains du Petit Nicolas), on rit beaucoup, on est ému souvent, et on s’interroge aussi parfois : sur notre responsabilité pour l’avenir de la planète, sur le réchauffement climatique, sur les différents types d’agriculture (raisonnée ou intensive).
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