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Histoires Web mercredi, novembre 6
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L’impasse budgétaire actuelle repose sur une polarisation concernant la fiscalité. Le Nouveau Front populaire veut accroître la taxation des plus fortunés et des entreprises. A l’inverse les partis du centre et de la droite veulent épargner les entreprises et faire contribuer toute la population, pour éviter une fiscalité « excessive » sur le capital au nom de l’attractivité et de la compétitivité.

Les entreprises sont ainsi annexées au camp libéral conservateur. Il n’en a pas toujours été ainsi. La gauche a su par le passé mettre le développement des entreprises et de la richesse au service de son projet, et convaincre la société qu’allier investissement et redistribution était la meilleure manière d’assurer le progrès économique et social.

Alberto Alesina, économiste italien enseignant à Harvard, avait analysé avec brio l’un de ces cas (« Why are stabilizations delayed » [« Pourquoi les stabilisations sont retardées »], avec Allan Drazen, Document de travail n° 3053, NBER, 1989). Dans les années 1920, le gouvernement conservateur tente à toute force de restaurer la valeur du franc-or de la Belle Epoque, largement érodée par la Grande Guerre. Une telle politique, menée par les tories au pouvoir au Royaume-Uni, y provoque une dépression qui durera toute la décennie.

Face à de puissants syndicats et aux demandes des victimes de guerre, une autre politique émerge peu à peu en France : entériner la dépréciation du franc et donc le paiement de la guerre par les rentiers – les détenteurs d’obligations d’Etat à revenu fixe seront ruinés par ce choix. Alesina analyse cette politique comme l’alliance des entreprises et des salariés contre les rentiers, qui inverse l’alliance des entreprises et des rentiers qui, au XIXe siècle, avait conduit par contrepoids à l’émergence d’un socialisme révolutionnaire.

Etablir un contrat plus durable

Dans cette nouvelle alliance, les salariés acceptent initialement des rémunérations plus basses, mais ceux-ci progressent rapidement grâce à la croissance et la mobilisation syndicale, les entreprises paient moins de dividendes et investissent fortement. Ce modèle s’enrichit bientôt d’une protection sociale qui rend le salariat préférable à l’entreprise individuelle et assure tant la confiance en l’avenir que la santé des salariés – et donc renforce leur productivité. Pendant plusieurs décennies, ce modèle, qualifié de fordiste, a favorisé la croissance, même si ce fut au détriment de l’environnement. La disqualification momentanée des plus riches capitalistes, par la crise de 1929 aux Etats-Unis, par la collaboration avec le régime nazi en Europe continentale, contribua à son renforcement après 1945.

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