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Ils ont suivi à distance, et avec sympathie, l’annonce de la reprise par ses salariés de l’usine de verres Duralex au milieu de l’été. Comme une réminiscence de leur propre victoire, il y a dix ans, face à la multinationale Unilever, ses thés Lipton et ses tisanes Eléphant. Un combat à la David contre Goliath, souvent cité en exemple dans les luttes ouvrières. « Chaque histoire est unique. On n’a aucune leçon à donner », précise d’emblée Olivier Leberquier, depuis les bureaux de l’ex-usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône), devenue la société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions SCOP-TI.

Aujourd’hui, il en est le président ; en 2014, il en était le délégué CGT. A l’époque, alors que les Fralib venaient d’obtenir le droit de reprendre leur usine en SCOP après quatre ans d’une lutte acharnée, il déclarait : « La lutte va se poursuivre, puisqu’il va falloir pérenniser notre activité. » Dix ans après, ils tiennent enfin leur vraie victoire. Celle d’avoir « réussi à faire perdurer le projet dans le temps », résume-t-il. « On est toujours là, alors qu’on était voués au Pôle emploi. [En 2024], nous allons faire notre meilleur chiffre d’affaires en dix ans, en hausse de 30 % ou 35 %, et nous serons bénéficiaires, sans artifice ni aide extérieure, juste grâce à notre activité. »

Intarissable dans sa description passionnée du projet de l’entreprise, Nasserdine Aissaoui, qui prépare les commandes passées par Internet, ne dissimule rien de la réalité des dix années : « Jusqu’à aujourd’hui, ça a été compliqué, il n’y a rien qui est facile. » Les SCOP-TI ont su dès la reprise qu’ils partaient avec un sévère handicap : contrairement aux Duralex, ils n’ont pas obtenu de conserver la marque Eléphant. « Ça représentait un volume de 450 tonnes, alors qu’aujourd’hui on tourne autour de 300 tonnes, donc ça aurait été tout de suite gagné ! », explique Olivier Leberquier.

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Pour les salariés, la requête était d’autant plus légitime que la marque est née à Marseille, créée par les frères Pétrus et Lazare Digonnet à la fin du XIXe siècle, les aromates (verveine, tilleul, menthe…) étant alors issus du terroir local. Unilever rachète l’entreprise, qui devient Fralib (Française d’alimentation et de boissons) à la fin des années 1970. Avec l’ouverture des marchés, les plantes locales sont remplacées par des plantes « du bout du monde » et l’activité se réduit peu à peu au seul conditionnement, jusqu’en 2010, lorsque Unilever décide de la délocaliser en Pologne. Il reste alors 182 salariés. Cela marque le début de quatre ans d’occupation de l’usine. « Au bout du compte, on a réussi à garder les machines, rappelle Olivier Leberquier. Mais, sur la marque, Unilever n’a pas lâché ! »

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